A San Francisco, Nick Ronan est connu par son surnom, « the Kissing Chef ». Le restaurateur franco-américain fait la bise à tous les clients qui passent le seuil de son bistro, le bien nommé Bisou. L’établissement participera à la San Francisco Restaurant Week du 22 au 31 janvier prochains.
Nick Ronan est entré dans la restauration comme certains entrent en religion. Il a connu son épiphanie à Londres, dans les cuisines du restaurant de fruits de mer où il faisait alors la plonge. Le même soir, il découvrait le homard et le Chablis, et n’a plus jamais quitté la cuisine.
Depuis, le chef né à Saint-Cloud d’une mère française et d’un père américain répand autour de lui son amour et son goût des bonnes choses. Un jour qu’il était invité à cuisiner en direct par la chaîne locale ABC 7, Nick Ronan quitte le plateau, enlace les membres du public et distribue des baisers. Le bisou devient sa marque de fabrique. Il adopte son nouveau surnom, « the Kissing Chef », et baptise Bisou le bistro qu’il ouvre en 2010 au cœur du Castro, le célèbre quartier gay de San Francisco.
Pour « casser les codes » de la gastronomie française, qu’il juge « chère et arrogante », il encourage ses employés à discuter et à faire connaissance avec la clientèle. Tous les clients sont accueillis par une bise. Le concept a été décliné dans un restaurant de spécialités catalanes, Beso, et bientôt dans un bar à vin. « J’aime les gens ; je n’ai aucune envie de m’isoler dans ma cuisine », explique le Franco-Américain, en Californie depuis treize ans. « Chaque semaine, j’aide 500 à 600 personnes à s’évader pendant deux heures. C’est une responsabilité et un privilège. »
France-Amérique : Vous servez « une cuisine française avec un accent californien ». Quelles sont vos influences culinaires ?
Nick Ronan : J’ai grandi à Fontenay-aux-Roses, dans la banlieue sud-ouest de Paris, mais j’ai passé tous les étés de mon enfance dans un petit village à côté de Carcassonne où ma famille avait une maison de vacances. La gastronomie du Languedoc, une région à mi-chemin entre la Méditerranée, les Pyrénées et l’Espagne, a beaucoup influencé ma cuisine. La culture nord-californienne m’a aussi beaucoup inspiré. A San Francisco notamment, ce que vous mangez définit qui vous êtes. Les gens s’intéressent aux saveurs, ils font attention aux produits et sont constamment à la recherche de nouveautés. Ça me donne envie de créer et de me surpasser.
Votre menu comporte plusieurs plats à base de foie gras. Le mouvement anti-foie gras qui sévit en Californie vous inquiète-t-il ?
Je n’ai aucune appréhension. Si la Californie interdit de nouveau le foie gras, je jouerai avec la loi. J’essayerai de lire entre les lignes pour continuer à servir mes plats en toute légalité.
La Restaurant Week de San Francisco se poursuit jusqu’au 31 janvier. Quels plats conseilleriez-vous à ceux et celles qui souhaitent découvrir votre restaurant ?
Je ne peux pas juger de mes propres recettes et vous dire de goûter les noix de Saint-Jacques gratinées plutôt que les côtes de porc à la bourguignonne ou les pappardelle aux truffes d’hiver. Essayez ce que voulez ! C’est votre dîner.
Bisou
2367 Market Street
San Francisco, CA 94114
(415) 556-6200
www.bisousf.com