Le pagne en bananes n’a pas tenu le coup. Mais les chaussures à talons, les robes de soirée, les sacs à mains et autres accessoires, eux, ont traversé le temps. Dix-sept vitrines du grand magasin Macy’s, sur la 34e Rue Ouest à New York, exposent une soixantaine d’objets ayant appartenus à Joséphine Baker. Un hommage inédit à cette Américaine adoptée par la France, symbole des nuits parisiennes du siècle dernier.
« Dear maman »
« La France a donné La Fayette aux Etats-Unis et les Etats-Unis ont donné Joséphine Baker à la France », affirme Jean-Claude Baker, l’un des treize enfants adoptifs de la star, dans son restaurant coloré Chez Joséphine, à New York. Gardien de la mémoire de la vedette, la plupart des pièces exposées par Macy’s sont tirées de sa collection – un trésor privée qu’il garde jalousement sous son lit, au-dessus de ses placards et dans tous les recoins de son appartement.
Derrière ses lunettes rouges, un regard sévère masque la tendresse et l’amour qu’il voue à sa « dear maman » dont il a écrit la biographie, Josephine Baker: The Hungry Heart. Il revient sur trois pièces de l’exposition qu’il porte particulièrement dans son cœur. Toutes représentent une facette différente du personnage.
Treize enfants adoptés
La Joséphine étoile de la nuit d’abord, avec un cousin brodé à l’effigie de l’artiste quand, en 1926, elle illuminait les Folies Bergère à Paris. Un privilège alors réservé aux plus grands de la nuit de Pigalle.
Vient ensuite l’acte de vente des Milandes, son château en Dordogne. Contrainte à le céder à cause d’une mauvaise gestion, cette splendide demeure servait de « capitale mondiale à la fraternité universelle », explique Jean-Claude Baker. Cette communauté était constituée par les dix garçons et les deux filles que la chanteuse avait pris sous son aile. Jean-Claude est le treizième, mais il avait une place à part puisqu’il était, en plus d’un enfant adopté, le partenaire de l’artiste.
Héroïne de la guerre
Troisième choix, une affiche de près de quatre mètres de hauteur. Peinte à la main dans une robe très colorée, c’est la Joséphine Baker « majestueuse », dit-il avec une émotion dans la voix. Cette publicité pour ses disques rappelle sa carrière de chanteuse, mais elle laisse surtout une impression globale de la grandeur du personnage. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, par exemple, elle avait utilisé ses entrées dans la haute société pour soutirer des renseignements précieux à la Résistance.
D’autres pièces historiques, comme un article qui retrace sa visite triomphante dans le Harlem de 1951, montrent que la Française d’adoption n’a jamais oublié d’où elle venait.