Chaque mois depuis janvier 2017, France-Amérique explore l’histoire d’une patisserie ou d’une confiserie française et les traditions qui l’accompagnent. Le premier dimanche de janvier, les Français fêtent l’Epiphanie en partageant une galette des rois !
Que d’histoires, de légendes, de mystères et de rebondissements autour de cette emblématique galette, indéniable plaisir sucré ouverte à toutes les interprétations ! Dans le nord de la France, au-dessus de la Loire — fleuve royal rassemblant une somme de châteaux remarquables — la galette des rois est feuilletée, nature ou fourrée. Dans le sud, au pays de la langue d’Oc, c’est une couronne briochée, dite couronne de Provence, avec ou sans fruits confits, parfois enrichie de fleur d’oranger ou de fruits secs. Cette douceur au cœur de l’hiver symbolise une fête religieuse : l’Epiphanie. Elle célèbre l’arrivée d’Orient des rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar à Bethléem venus rendre hommage au divin enfant en offrant à Jésus de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils auraient été guidés par la lumière dans la voûte céleste d’une étoile annonciatrice de la naissance du Fils de Dieu. Epiphanie signifie littéralement « apparition » en grec. A la Révolution française, ce jour de partage faillit devenir la « fête des sans-culottes » et la galette des rois, « galette de l’égalité ».
La date du 6 janvier n’est pas choisie au hasard par les chrétiens. Elle correspond à la célébration du solstice d’hiver, synonyme du renouveau de la nature. Déjà dans la Rome antique, lors des Saturnales, des esclaves étaient nommés le temps de ces festivités joyeuses les rois d’un jour dès lors qu’ils avaient eu la chance de trouver une fève dans un gâteau à la forme solaire. Depuis le Moyen Age, la coutume veut que pour tirer les rois le plus jeune enfant, à la main innocente, se glisse sous la table pour désigner à qui revient la part de galette choisie. Celui ou celle qui a la fève devient roi ou reine du jour, reçoit une couronne et peut choisir sa reine ou son roi dans l’assistance. La tradition voulait qu’une part dite « à la Vierge » ou « à Dieu » soit mise de côté au cas où un miséreux passerait par là. Dans les années 1960, le Vatican décide que l’Epiphanie sera commémorée le premier dimanche de janvier.
Il y a toujours eu une fève, synonyme de félicité, de bonheur et de chance dans ce gâteau. La légumineuse à l’origine fut remplacée par une figurine de porcelaine, avant l’utilisation massive de matière plastique. Selon une légende plus contemporaine, la première fève serait une bague de l’héroïne du conte populaire Peau d’âne qui serait tombée dans la pâte de la galette du bonheur qu’elle confectionnait. L’amour et la gourmandise engendrent de bonnes douceurs. Quand la Florentine et reine de France Marie de Médicis quitte son Italie natale, un de ses soupirants, le comte Frangipani lui offre en gage de ses éperdus sentiments la recette d’une crème pâtissière à base de sucre, de lait, d’œufs, de beurre et de farine mêlé à une crème d’amande, fruit symbolisant un bien rare et précieux, d’où le nom de frangipane. Ce fait dispute d’autres hypothèses toutes aussi succulentes… Aujourd’hui, la galette des rois est principalement fourrée avec cette préparation mais pas exclusivement. Certains préfèrent ne mettre que de la crème d’amande jugée plus noble. Et si 70% de la production mondiale de ce fruit provient de Californie, notre galette des rois nationale porte en son cœur un peu d’Amérique.
Article publié dans le numéro de janvier 2017 de France-Amérique.