France-Amérique : En 12 ans, Riding Zone s’est imposé comme la référence télévisuelle pour les sports extrêmes. Quelle est son originalité ?
Tiga : Nous sommes le seul magazine spécialisé dans la culture de la glisse et les cultures alternatives à la télévision française ! Nous faisons voyager notre public, à travers des performances d’athlètes spécialisés en sports extrêmes qui nous éblouissent. Depuis peu, nous cherchons à être davantage grand public, en utilisant un vocabulaire moins pointu et en expliquant les figures techniques diffusées à l’écran.. Chaque semaine, je présente un reportage en immersion : soit au cœur d’une compétition, soit dans le quotidien d’un athlète. Je cherche à montrer comment ils vivent, s’entraînent et se préparent pour les compétitions. Les spectateurs doivent pouvoir s’identifier à eux et comprendre leur besoin d’adrénaline et de sensations fortes. L’émission comprend aussi un zapping – les images les plus folles que l’on peut trouver sur le net – et un top 5 des tricks, les prouesses qui ont marqué la semaine dans toutes les disciplines. Evidemment, Riding Zone est centré sur les sports de neige en hiver et les sports aquatiques en été, mais nous arrivons à parler de toutes les disciplines.
Vous proposez également des défis à des athlètes…
Nous adorons trouver des champions expérimentés qui ne se prennent pas au sérieux pour leur lancer des défis absurdes. Par exemple, une course en roller lors de laquelle le sportif doit traverser Paris plus vite que le métro ! Ou des pièges en caméra cachée !
Les sports extrêmes sont vus comme une culture « jeune » et « 2.0 ». Est-ce vraiment le cas ?
Ces disciplines sont effectivement plus représentées sur internet, car les sportifs se mettent en scène dans leurs propres vidéos. Mais elles ont toute leur place à la télé ! Quant à l’âge, s’il est vrai que nous sommes catégorisés comme « jeunes » et « street culture », notre public reste assez familial. Les sports dits extrêmes se sont démocratisés : de nombreuses personnes se mettent au surf, au parapente, et tout le monde a envie de sauter un jour en parachute pour voir le monde d’en haut. On dit souvent que les personnes qui pratiquent des sports extrêmes sont des têtes brûlées ou des inconscients : c’est faux ! Il y a derrière ces pratiques des valeurs de travail, de défi et d’engagement personnel.
Quels sont les enjeux actuels du monde de la glisse et des cultures alternatives en France ?
Toutes les disciplines extrêmes sont pratiquées en France et ne cessent de se renouveler. Nous avons autant de sports qu’aux Etats-Unis ! Mais ici, les riders manquent de visibilité et donc d’argent. Notre ambition est médiatiser ces sports afin de favoriser les sponsors, les rassemblements et les partenariats. Je me réjouis que le Festival International des Sports Extrêmes, lancé en 1997 près de Montpellier, s’exporte désormais jusqu’au Japon. J’aimerais qu’il y ait davantage d’événements à forte audience.
Quelle a été votre dernière belle rencontre avec un invité ?
De manière générale, j’essaie de suivre l’actualité pour voir qui est de passage en France et quelles sont les grandes compétitions pour choisir mon invité. J’ai récemment rencontré l’Américain Kai Lenny, de passage à Anglet, sur la côte Basque, pour ajouter son empreinte à la Surf Avenue, ce lieu inspiré du Walk of Fame de Los Angeles. A seulement 26 ans, il est le sixième à y être invité. C’est un grand champion : dès qu’il essaie quelque chose, il excelle. Il a compris comment fonctionnait l’océan et est en parfaite communion avec son élément.
Comment sensibiliser aux dangers de ces disciplines ?
J’essaie au maximum de faire de la prévention, sans pour autant être anxiogène. Il ne faut pas oublier que le base jump, le kite surf, l’escalade et tous les sports dont nous parlons ont leurs dangers et demandent énormément de préparation et de connaissances. Il y a eu des accidents et des décès parmi les athlètes qui avaient participé à nos émissions. Impossible d’arriver à un très haut niveau sans s’être blessé plusieurs fois ! Notre public reste toutefois conscient qu’il y a beaucoup de travail derrière chaque réalisation, et nous avons régulièrement des reportages sur les dangers, les techniques de protection. Pour le ski, nous évoquons les techniques de hors piste, les conseils ludiques, la nécessité d’être accompagné, le bon matériel…
Vous avez récemment rencontré les filles du Girls Skate Camp et plusieurs figures du handisport. Souhaitez-vous mettre en lumière des athlètes moins médiatiques ?
Nous avons beaucoup de matière pour parler des plus grands champions, mais je cherche à parler de passion, et pas seulement d’exploits. Philippe Ribière a beaucoup touché nos téléspectateurs : ce sportif est né avec des déformations aux avant-bras et aux mains, et il arrive malgré tout à faire de l’escalade à très haut niveau. J’essaie aussi de me battre pour qu’on parle davantage des femmes, car elles ont un autre style de surf, de skate, un autre état d’esprit et sont souvent davantage impliquées dans la protection de l’environnement.
L’émission Riding Zone est diffusée sur TV5MONDE USA tous les dimanches à 7:30 pm EST.