Berlin aurait espionné des officiels français et européens pour la NSA

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Les services de renseignement allemands ont espionné des « hauts fonctionnaires » français et de la Commission européenne pour le compte de la NSA américaine, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung (SZ) à paraître jeudi.

« Le BND (les services de renseignement allemands) a aidé la NSA à faire de l’espionnage politique », écrit le grand quotidien de Munich, précisant que des écoutes de « hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du Palais de l’Elysée et de la Commission européenne » ont ainsi été réalisées depuis la station d’écoutes bavaroise de Bad Aibling. Des révélations sur l’espionnage supposé depuis 2008 de firmes européennes par le renseignement allemand pour le compte de la NSA  embarrassent depuis lundi le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, qui s’est toujours posé en victime de ses alliés américains.

Dans le cas de la surveillance des entreprises, l’espionnage industriel n’a pu avoir lieu que « dans des cas isolés », souligne la SZ qui précise que les Etats-Unis cherchaient à l’époque des « informations sur des exportations illégales ». En revanche, affirme le quotidien, citant une source décrite comme digne de confiance et connaissant les procédures au sein du BND, « le cœur (du problème) est l’espionnage politique de nos voisins européens et des institutions de l’Union européenne ».

Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maiziere, qui était à l’époque chef de la chancellerie et ne pouvait donc pas ignorer, selon plusieurs médias allemands, les activités du BND, a proposé de s’expliquer la semaine prochaine devant la commission d’enquête parlementaire allemande chargée de faire la lumière sur les pratiques de l’agence américaine. Par ailleurs, le gouvernement est accusé par l’opposition d’avoir menti en déclarant le 14 avril dans une réponse écrite au groupe parlementaire du parti de gauche radicale Die Linke ne rien savoir d’un quelconque espionnage économique par la NSA.

« Je récuse catégoriquement l’affirmation consistant à dire que le gouvernement n’a pas dit la vérité », a déclaré mercredi Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, lors d’une conférence de presse régulière. L’Allemagne avait été choquée à l’été 2013 par les révélations d’Edward Snowden, ancien consultant de la NSA, selon lesquelles l’agence avait mis en place un vaste système de surveillance des communications des Allemands, jusqu’au téléphone de la chancelière, pendant plusieurs années.