Défense

France-Etats-Unis : bataille navale et crise diplomatique

La France devait vendre à la marine australienne douze sous-marins diesel-électriques. Un contrat conclu en 2016 et rompu le 15 septembre dernier, au profit de submersibles américains à propulsion nucléaire. Un « choc », selon l’ambassadeur français à Washington Philipe Etienne.
Le sous-marin français Améthyste. © Marine nationale

En réaction, les commémorations franco-américaines du 240e anniversaire de la bataille de la baie de Chesapeake – un épisode de la guerre d’indépendance qui vit s’affronter le 5 septembre 1781 les flottes française et anglaise et conduisit un mois et demi plus tard à la chute de Yorktown et la capitulation de la Grande-Bretagne – ont été « réduites ». Un gala devant se tenir à l’ambassade de France ce vendredi a été annulé.

« Etant donné les circonstances, ça aurait été artificiel de maintenir l’ensemble des célébrations », a expliqué un officiel français à Washington. Un dépôt de gerbe à Annapolis le 18 septembre a toutefois été maintenu. Comme la visite à Baltimore de la frégate anti-sous-marine française Aquitaine le 20 et celle du sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste, arrivé ce jeudi à la base américaine de Norfolk. Ironie à l’heure où la rupture d’un programme naval de 34,5 milliards d’euros – « un coup de couteau dans le dos », selon le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian – déchire les décideurs français et leurs homologues américains, australiens et anglais ?

« Le comportement américain me préoccupe », a ajouté Jean-Yves Le Drian au micro de France Info. « Cette décision unilatérale et brutale ressemble beaucoup à ce que faisait Monsieur Trump. » L’enjeu, assure l’officiel à Washington, est celui de la présence de la France dans l’océan Indien et les rives occidentales du Pacifique. Une région dite « indopacifique » stratégique dans le contexte de l’expansionnisme chinois : 7 000 militaires français y sont en permanence stationnés. « Ce n’est pas possible de sous-estimer l’importance [de cette situation] pour la France. »

Dernier rebondissement dans cette crise diplomatique, Emmanuel Macron a ordonné vendredi le rappel de l’ambassadeur de France en Australie et de son homologue aux Etats-Unis. Une décision sans précédent dans l’histoire de nos deux nations. « Je suis rappelé à Paris pour consultations », a confirmé Philippe Etienne sur Twitter. « Cela fait suite à des annonces affectant directement la vision que nous avons de nos alliances, de nos partenariats et de l’importance de l’Indo-Pacifique pour l’Europe. »