Une veillée philosophique à New York

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Après Paris, Berlin, et Londres, la Nuit de la philosophie se tiendra à New York dans la nuit du 24 au 25 avril. Un événement atypique que nous explique sa fondatrice, Mériam Korichi.

« La réflexion et la nuit ont toujours été liées. Dans Le Banquet de Platon, lorsqu’il n’y a plus rien à boire, les convives décident d’échanger toute la nuit ». Si le penseur grec ne sera pas de la soirée, une soixantaine de philosophes du monde entier interviendront de 19h à 7h du matin. Mériam Korichi, philosophe et écrivaine française, à l’origine du concept et organisatrice de l’édition new-yorkaise, a laissé les intervenants choisir les sujets qu’ils souhaitaient aborder. Les thèmes sont très variés. On y retrouve des classiques de la philosophie universitaire : « Peut-on décider de croire en Dieu ? », « Je pense donc je suis », et des sujets plus étonnants : « Qu’est-ce que la philosophie peut nous apprendre sur les animaux ? », « Devrait-on avoir peur de l’Essentialisme ? ».

L’un des objectifs de l’événement est de rassembler public, universitaires et chercheurs en philosophie. « J’ai contacté les départements de philosophie des universités américaines et leur ai demandé de proposer à leurs membres de participer à cet événement », explique Mériam Korichi. « On ne leur demande pas de faire de la vulgarisation. Le format des discussions, vingt minutes en moyenne, est celui que les philosophes utilisent lors des séminaires. L’événement porte sur la quantité et n’a de sens que s’il y a profusion de propositions. Il ne s’agit pas d’une sélection mais d’un prélèvement de ce qui se fait en philosophie aujourd’hui », insiste-t-elle.

Outre les dissertations des philosophes, des performances artistiques variées se dérouleront simultanément. Parmi elles, une « discothèque philosophique » avec musiciens, DJs et poètes. Très attendu, le pianiste franco-suisse Karol Beffa improvisera à partir d’anecdotes sur la philosophie qui lui seront soufflées par le public. A noter enfin, une lecture marathon en anglais de La Philosophie dans le boudoir du Marquis de Sade. « On entraîne les philosophes sur le terrain artistique plutôt qu’universitaire », affirme Mériam Korichi. « Les faire parler la nuit, ce n’est pas naturel. Les professionnels de la performance, ce sont les artistes mais il y aura des éléments performatifs indéniables chez les philosophes durant la nuit ».

Douze lieux accueilleront les discussions et les performances artistiques répartis entre les services culturels de l’ambassade de France aux Etats-Unis, organisateurs de l’événement, et le bâtiment voisin de l’Ukrainian Institute of America. « On pourra se laisser dériver la nuit de salle en salle. Plus l’heure avancera, plus ce sera le régime de croisière. Mais le programme étant connu et les horaires respectés très précisément, on peut aussi préparer un parcours très précis ». Lors des éditions parisiennes, berlinoises et londoniennes, le succès était tel que certaines salles ont été vite prises d’assaut. « A Londres, il y avait la queue pour certaines salles jusqu’à 4 heures du matin », se remémore Mériam Korichi. Pas inquiète de voir l’événement déserté pendant la nuit, elle sait que la Nuit de la philosophie demandera aux New-Yorkais de prendre leur temps, de freiner, dans une ville où l’activité et l’efficacité sont les maîtres mots.

Le programme complet par lieux et par heures

L’événement est gratuit et entièrement en anglais. Du café gratuit sera servi aux visiteurs. Des boissons et de la nourriture seront en vente.