RIP

Le général défenseur de la coopération militaire franco-américaine

Le général américain Anthony Smith, décédé en Virginie le 31 mai dernier, fut un acteur essentiel dans les relations militaires entre la France et les Etats-Unis et dirigea la French-American Foundation USA pendant cinq ans.
Anthony Smith (à droite) reçoit le Prix Anne Cox Chambers de la French-American Foundation, à New York, en 2017. © Sylvain Gaboury

La France, Anthony (« Tony ») Smith la découvre à l’adolescence, lorsque son père contribue, avec le général Eisenhower, à la création de l’Otan. Il est élève au Lycée américain de Paris au début des années 1950 avant de poursuivre ses études à l’académie militaire de West Point, d’où il sort troisième de sa promotion en 1958, puis à Sciences Po à Paris.

Il fait partie en 1981 de la première promotion des Young Leaders de la French-American Foundation : il côtoie le futur premier ministre français Alain Juppé, le futur ministre de la Défense Alain Richard et l’essayiste et ancien directeur de France-Amérique Guy Sorman. « Le groupe ainsi constitué restera lié d’amitié », témoigne celui-ci. « Il faut se rappeler que c’était une époque où l’anti-américanisme était très virulent en France. »

Tony Smith, très attaché à la coopération militaire franco-américaine, qu’il estime essentielle à la stabilité de l’Afrique, obtint d’Alain Richard, en 2002, que les cadets de West Point participent au défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées. Et inversement, que les élèves officiers de Saint-Cyr paradent lors de la cérémonie de remise des diplômes à West Point. Ce fut « sans doute [mon] accomplissement le plus cool », expliquait le général en 2017 dans un entretien avec la French-American Foundation. Il recevait alors le Prix Anne Cox Chambers, ainsi nommé en hommage à l’ancienne ambassadrice américaine en Belgique, pour son travail transatlantique.

« La Fondation peut aider à défaire les mythes qui empêchent une bonne entente entre la France et les Etats-Unis et renforcer les liens qui unissent nos deux nations. » Militaire de carrière, haut officier de l’Otan en Europe et président de la French-American Foundation de 2001 à 2005, Tony Smith introduira des officiers français et américains dans le programme Young Leaders, une tradition qui s’est perpétuée.

« D’un caractère discret », témoigne Guy Sorman, « la véritable influence de Tony Smith dans la relation militaire entre nos deux pays se révélait dans la très haute estime que lui accordaient les états-majors à Paris et à Washington ».