La journaliste Liz Alderman analyse depuis Paris le mouvement des “gilets jaunes”. Une approche économique pour comprendre la “plus grosse crise d’autorité” à laquelle est confronté Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat.
Selon le quotidien américain, plusieurs raisons expliquent cette “protestation collective” qui porte sur les “problèmes plus profonds touchant la France depuis des années”. En cause : “la baisse du niveau de vie” et “le pouvoir d’achat en berne”.
En France, le salaire médian est d’environ 1 700 euros (1 990 dollars) contre 3 260 euros (3 700 dollars) aux Etats-Unis. La moitié des travailleurs gagne davantage et l’autre moitié gagne moins. L’écart entre riches et pauvres se creuse : “les 20% de la population les plus aisés gagnent environ cinq fois plus que les 20% les moins aisés”, remarque le journal. Une dynamique que l’on retrouve aux Etats-Unis, où le phénomène est lié à “l’effondrement des plus bas revenus”, selon l’économiste français Thomas Piketty.
Le taux de chômage ne descend pas en dessous de 9% depuis la crise économique européenne de 2008, quand il oscille autour de 4% aux Etats-Unis. Malgré une réforme du Code du travail (limitation du pouvoir des syndicats, négociations individuelles…), “il pourrait s’écouler des années avant d’observer des résultats pour les travailleurs”, “mis en colère” par ces décisions vues comme une régression des acquis sociaux. Les entreprises américaines, en revanche, ont moins de contraintes pour embaucher et licencier.
La croissance économique de 1,8% en 2017 est un progrès par rapport à la stagnation qui durait depuis des années. Mais “la reprise a été inégale”, avec une précarisation des emplois. La même année les Etats-Unis ont enregistré une hausse de 2,3%.
Avec une baisse de 3,2 milliards d’euros (3,6 milliards de dollars) de taxes pour les plus riches, Emmanuel Macron a provoqué la colère des classes populaires. “Dans le même temps, le pouvoir d’achat des 5% des ménages les plus pauvres a diminué”, note Liz Alderman. Spécificité française, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de près de 20% sur la plupart des produits du quotidien a un fort impact sur les faibles revenus.
Autant de chiffres qui expliquent les revendications d’un mouvement protéiforme, qui prépare sa quatrième journée de manifestations samedi 8 décembre à Paris.
=> A lire via le New York Times.