Depuis septembre 2007, quatorze écoles publiques de New York ont ouvert une filière bilingue anglais-français. Quatre ont échoué à cause d’une mauvaise organisation ou d’un changement dans la direction de l’école, mais dix sont encore actives aujourd’hui. Au niveau primaire, on compte sept filières bilingues à Manhattan et à Brooklyn et trois collèges permettent de poursuivre le cursus anglais-français jusqu’à la quatrième (8th grade). A Brooklyn, la Boerum Hill School for International Studies a fusionné sa filière bilingue anglais-français avec son programme préparant au Baccalauréat International, créant ainsi une école publique unique en son genre aux Etats-Unis. Elle accompagne les élèves de la sixième jusqu’à la terminale (12th grade) avec, à la clé, le diplôme du Baccalauréat International bilingue (parfois appelé « en français renforcé »). Les trois premiers bacheliers recevront leur diplôme en juin prochain.
De plus en plus d’élèves ayant commencé la filière bilingue en maternelle arrivent maintenant au lycée. Il est vital que les écoles puissent garantir la continuité de cet enseignement. Les filières bilingues françaises de la ville de New York accueillent aujourd’hui plus de 2 000 élèves et on estime que plus de 3 000 élèves ont profité de ces programmes depuis 2007. Si l’élan en faveur du bilinguisme se poursuit avec le soutien des directeurs(trices) d’écoles et des familles, 2 000 élèves supplémentaires pourront bénéficier d’une éducation bilingue anglais-français d’ici 2020.
Cependant, la « révolution bilingue » est ralentie par le manque de places dans ces écoles. Ce qui se traduit par une compétition féroce entre les candidats – un problème qui pourrait être résolu en créant de nouvelles filières dans la région de New York. La pénurie d’enseignants bilingues qualifiés freine également le développement des sections en deux langues. Les écoles publiques, souvent incapables d’accorder des permis de travail aux enseignants étrangers, peinent à recruter du personnel. La plupart des candidats aux postes d’enseignants bilingues sont américains ou possèdent une carte verte. Un diplôme en éducation bilingue est souvent nécessaire et une certification de l’Etat de New York est requise pour pouvoir enseigner dans une école publique locale.
Former les enseignants bilingues de demain
Pour répondre à la pénurie d’enseignants bilingues qualifiés, l’université de Hunter College à Manhattan, qui propose un master d’éducation bilingue en espagnol depuis 1983, a ajouté à son programme un module spécifique à l’éducation bilingue anglais-français. L’Université de la Louisiane à Lafayette offrira un cursus similaire à partir du printemps prochain.
Pour encourager la formation de nouveaux enseignants et inciter les étudiants à s’inscrire dans le programme proposé par Hunter College, une bourse a été créée par la Société des professeurs français et francophones d’Amérique (SPFFA) et les Services culturels de l’ambassade de France. Des dons publics et privés ont permis de créer un vaste programme d’aide aux établissements : le French Dual Language Fund, qui distribue des bourses de 1 000 à 10 000 dollars aux écoles qui souhaitent créer ou étendre une filière anglais-française, recruter un(e) enseignant(e) bilingue ou acheter du matériel pédagogique.
Il existe plusieurs freins au développement des filières bilingues à New York et aux Etats-Unis en général. Mais ensemble, parents, éducateurs, donateurs et personnalités locales ont le pouvoir de faire changer les choses. Le bilinguisme peut transformer positivement un enfant, une école, une communauté… et même un pays !
=> Une conférence sur le plurilinguisme aura lieu le samedi 6 octobre 2018, de 9h à 13h, à l’Assemblée nationale à Paris. Fabrice Jaumont interviendra sur le rôle des parents dans la création de filières bilingues. Il présentera également son dernier livre, La Révolution bilingue, à la Maison des étudiants canadiens à Paris le mercredi 10 octobre de 13h à 14h30.