Art

Le rêve américain de Florian Eymann

Avec ses toiles inspirées des chefs-d’œuvre de Léonard de Vinci, du Caravage, de Manet, Klimt, Dalí et Warhol, le peintre français Florian Eymann a rencontré un succès inattendu aux Etats-Unis. Rencontre.
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Florian Eymann et son interpretation de La Cène. © Margaret Pattillo

Florian Eymann a gagné le gros lot. Le chanteur américain Marc Anthony a eu un coup de cœur pour son travail et a acheté douze de ses toiles pour 150 000 dollars. Effet boule de neige, un collectionneur néerlandais lui a acheté quatorze toiles deux jours après. Le soir-même, le Français fêtait le vernissage de son exposition individuelle – sa première aux Etats-Unis – à la galerie Avant de New York.

« Je me suis réveillé avec le ticket gagnant », exulte le Français de 40 ans, qui a fait le voyage depuis Châteauneuf-sur-Loire, une ville de 8 000 habitants à proximité d’Orléans. « Ça a été une semaine incroyable pour ma carrière. » Une semaine qui s’est achevée au restaurant du rappeur Pharrell Williams à Miami. Le peintre était l’invité d’honneur d’une réception privée, canapés, cocktails et DJ, où était exposées les toiles achetées par Marc Anthony. « Ça fait drôle de devenir célèbre du jour au lendemain. »

Peintre autodidacte

C’est ironiquement pour fuir l’attention que Florian Eymann est devenu peintre. Musicien timide, il supportait mal d’être sur le devant de la scène. En 2005, il s’essaye à la peinture sur bois, influencé par le street art. Il exécute maintenant ses toiles à l’huile : un medium qu’il pratique en autodidacte. « Je ne veux pas être contraint par des règles. Je ne fréquente pas non plus les musées. »

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Interprétation de La Cène, d’après Léonard de Vinci, 2020. © Avant Gallery

Le peintre préfère « rester dans sa bulle » et surfer sur le web. C’est ainsi qu’il s’est forgé une culture artistique. En témoignent ses toiles, « interprétations » de tableaux classiques et de figures de la pop culture : dans sa version de La Cène de Léonard de Vinci, les deux apôtres de gauche s’apprêtent à disparaître. « Ils sont estompés, comme sur la fresque originale. J’aime cet effet du temps qui passe. »

Ses interprétations du Fifre de Manet, de L’Origine du Monde de Courbet ou des Marilyn Monroe d’Andy Warhol ont ça en commun : elles semblent délavées par la pluie, comme peinte sur un mur mille fois tapissé d’affiches. Mais le tableau original reste identifiable. On reconnaît la coupe glamour de Marilyn, les couettes et la bouche en cœur de Margot Robbie dans le film Birds of Prey, le rictus du Joker.

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Interprétation de Judith et Holopherne, d’après Gustav Klimt, 2020. © Avant Gallery
Interprétation de Marilyn Monroe, d’après Andy Warhol, 2020. © Avant Gallery

Un album de reprises

« J’ai commencé en déformant les personnages que je peignais à la manière des grands portraitistes anglais du XVIIIe siècle », explique Florian Eymann. « Puis mon galeriste américain m’a conseillé de partir de toiles célèbres : les gens connaissent le Salvator Mundi de Léonard de Vinci et s’amusent à retrouver le tableau dans mon interprétation. C’est un jeu. C’est comme un album de reprises, une porte d’entrée vers mon univers. »

Une recette efficace. L’ensemble des toiles exposées à la galerie Avant de Miami ont été vendues et le président de la galerie Avant anticipe un succès similaire à New York. Le Français a aussi reçu plusieurs commandes. « J’ai une nouvelle surprise à chaque fois que mon téléphone sonne. On est en Amérique ; tout peut arriver ! » Pour l’heure, le père de trois enfants est rentré chez lui. Il travaille à mi-temps dans un hôpital et continue de donner des cours de peinture sur son temps libre.


Florian Eymann: Interpretation

Jusqu’au 19 avril 2020
Avant Gallery

20 Hudson Yards
New York, NY 10001