Trois ans après le succès mondial d’Intouchables, le trio formé par les réalisateurs Oliver Nakache, Eric Toledano et l’acteur Omar Sy se retrouve pour la comédie sentimentale Samba, l’histoire d’un sans-papiers sénégalais à Paris. France-Amérique a rencontré l’équipe du film à New York.
France-Amérique : Etait-ce important d’aborder des thèmes universels – l’immigration, les sans-papiers et le burn-out au travail –, dans l’espoir que votre nouveau film soit, comme Intouchables, présenté dans le monde entier ?
Olivier Nakache : On n’a pas cherché à parler au monde entier mais les thèmes de notre film sont communs à tous les pays. Pour être honnête, on a effectivement pensé à la possible distribution internationale du film quand on a cherché les lieux de tournage. Et quand on a filmé les toits de Paris, on s’est dit « ça serait bien de mettre la Tour Eiffel dans le cadre ». D’ailleurs, l’affiche du film aux Etats-Unis comme au Japon montre une Tour Eiffel. On a aussi filmé d’autres coins de Paris, comme le quartier de la Goutte-d’Or.
Les comédies sociales sont populaires en France et en Angleterre, alors que c’est un genre mineur aux Etats-Unis…
Olivier Nakache : La comédie sociale fait partie de notre ADN. La tradition française repose sur le duo pauvre contre riche, c’est le cas de Bourvil et Louis De Funès dans « La Grande Vadrouille » (1966), avec le premier en chef d’orchestre installé, et le second en ouvrier. C’est aussi vrai pour les Italiens et les Anglais. Certains réalisateurs américains s’intéressent à ce genre, mais ce sont des films qui sortent sur le circuit indépendant, comme le film d’Alexander Payne Sideways (2004), ou plus récemment The Visitor de Thomas McCarthy (2007).
Pensez-vous que les Américains seront réceptifs à Samba alors que les comédies françaises s’exportent peu, à l’exception de quelques-unes comme Intouchables ?
Olivier Nakache : Notre génération de réalisateurs fabrique des films similaires à ceux des Américains. Aux Etats-Unis, les films français évoquent des scènes avec deux personnes dialoguant dans une cuisine ou une piscine, mais c’est terminé tout ça. Notre génération en France se marre devant ces films-là. Aujourd’hui, les films d’auteurs en France sont aussi divertissants. C’est le cas des films du réalisateur Michel Hazanavicius (The Artist), d’Eric Lartigau (L’homme qui voulait vivre sa vie), ou de Cédric Klapisch (Casse-tête chinois). Leurs films trouvent leur public aux Etats-Unis.
Omar Sy : Les ponts se rétrécissent entre tous les cinémas. C’est comme prendre l’avion aujourd’hui, ça n’a plus le même sens. Aller à Sidney aujourd’hui ce n’est plus un problème. Les gens qui prennent l’avion ne sont plus les mêmes qu’il y a vingt ans. Il y a plusieurs couches sociales. Tout le monde a accès aux mêmes choses. C’est pareil pour l’humour. Tout le monde va voir des films étrangers – et plus seulement une certaine catégorie aisée – et c’est de plus en plus facile de voir des films français aux Etats-Unis. En vivant à Los Angeles, je me rends compte que les Américains sont demandeurs de cinéma français. Il n’y a plus cette réticence envers les sous-titres et les films non américains.
Olivier Nakache : Une Américaine est venue me voir à la fin de l’avant-première new-yorkaise et m’a demandé où elle pouvait voir mes autres films, s’ils étaient sur Netflix, avec des sous-titres anglais.
Omar Sy, depuis votre installation à Los Angeles, on ne vous a pas encore vu dans une comédie américaine, plutôt dans des seconds rôles dans des blockbusters. Comment se passe votre intégration au système hollywoodien ?
Omar Sy : Mon parcours aux Etats-Unis est l’inverse de celui que j’ai en France, où j’ai été propulsé acteur, sans vraiment le demander et sans avoir à passer de casting. A Los Angeles, j’ai des auditions, je suis en concurrence. En fait, je fais aux Etats-Unis le trajet traditionnel de n’importe quel acteur, alors que ça n’a pas été le cas en France.
Olivier Nakache : Je suis impressionné parce qu’il partait de loin avec son niveau d’anglais ! Son parcours est assez unique. En fait, il n’a commencé à passer des castings qu’une fois qu’il a obtenu un césar !