Ariane Mnouchkine : Une chambre en Inde

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Icône du théâtre populaire en France, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil présenteront leur dernier spectacle — Une chambre en Inde — à New York du 5 au 20 décembre. Une comédie qui mêle influences orientales et références à Charlie Chaplin.

Treize soirs d’affilée, les soixante-quinze membres du Théâtre du Soleil présenteront Une chambre en Inde sur la scène du Park Avenue Armory de New York. « Jouer aux Etats-Unis est particulier : il faut dénouer les tensions entre nos deux pays, et que les amitiés surpassent les préjugés », souligne la metteur en scène Ariane Mnouchkine.

Anglaise par sa mère, russe par son père, Ariane Mnouchkine est issue d’une famille de producteurs. Elle s’initie au théâtre à l’Université de la Sorbonne à Paris fonde la compagnie du Soleil en 1964. « Obstinément populaire », son théâtre est « lisible, jouissif et pédagogique ». Il s’adresse à tous, « du jeune lycéen illettré à la professeure assise dans la même salle ». La troupe s’installe en 1970 dans une ancienne fabrique d’armes du Bois de Vincennes, la Cartoucherie. Fidèle à des principes communautaires, la troupe joue, mange et vit ensemble. Chacun reçoit le même salaire sans distinction de métier ou d’ancienneté.

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© Michèle Laurent

Aujourd’hui encore, la directrice accueille en personne les spectateurs, déchire leurs billets et sert un bol de soupe au public qui assiste au maquillage des comédiens. Ses spectacles sont des expériences totales et brouillent les limites entre public et scène. Dans 1789, pièce majeure sur la Révolution française, les comédiens érigés en bateleurs haranguaient la foule, invitée à les rejoindre dans un bal collectif. En 2006, Les Ephémères offraient une épopée de plus de sept heures.

Une chambre en Inde a été composée dans le sillage des attentats qui ont touché la France à l’automne 2015. La comédie — « une tragédie qui fait rire » — retrace l’histoire d’une troupe bloquée en Inde, en quête d’inspiration après la disparition de son directeur. « Lors des sessions d’improvisation, nous avons été intimidés par la force du rire qui s’imposait à nous, comme une thérapie », se rappelle la dramaturge. « L’art nous aide à vivre », insiste-t-elle. « Aujourd’hui, face au risque de déshumanisation, nous avons besoin d’armes. A mon sens, l’art est la meilleure d’entre elles, si ce n’est la seule. »

Article publié dans le numéro de décembre 2017 de France-Amérique.