Histoire

Le Bazar de la Charité : une catastrophe parisienne sur Netflix

L’un des plus grands incendies du XIXe siècle a inspiré une série coproduite par la chaîne française TF1 et Netflix, disponible depuis le 26 décembre aux Etats-Unis.
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© Quad Television/TF1 Studio

Dans le Paris de la Belle Epoque, la vente de bienfaisance du baron de Mackau était le rendez-vous annuel de l’aristocratie et de la bourgeoisie. Les dames en crinolines et les hommes en hauts-de-forme s’y rendaient en calèche pour acheter des objets d’art et découvrir les dernières tendances de la capitale. Lors de la vente de 1897, les visiteurs s’émerveillent devant une invention nouvelle : le cinématographe.

Une projection de L’Arroseur arrosé est interrompue le 4 mai à 16h15, la salle plongée dans l’obscurité. La lampe à éther du projecteur s’est éteinte : l’allumette de l’assistant projectionniste enflamme les vapeurs. L’incendie se propage aux toiles goudronnées de la cabine de projection, aux boiseries, aux tentures, aux rideaux, aux décors de papier mâché du bazar. En moins de vingt minutes, le hangar de la rue Jean-Goujon dans le 7e arrondissement est dévoré par les flammes.

Il n’existe aucune sortie de secours et les portes tambours ne laissent sortir qu’un à un les visiteurs affolés. C’est la panique. Certains hommes se frayent un chemin à coup de canne. « A ma gauche j’ai aperçu une vieille dame sortant par une porte voisine et qui a trébuché en marchant sur sa jupe », témoignera dans le New York Times Elsie Bushbeck, une Américaine originaire de Philadelphie qui participe à la vente. « L’instant d’après, vingt personnes au moins s’entassaient au-dessus d’elle. »

Une tragédie nationale

A 17h, rapporte le journal Le Matin, « apparaissent, lugubres, noirs, lamentables, les débris de ce qui fut le Bazar de la Charité ». On dénombre 131 victimes, essentiellement des femmes, comtesses, baronnes, marquises, leurs servantes et leurs enfants. La nièce du maire de New York William Lafayette Strong parvient à s’échapper, mais la duchesse d’Alençon, sœur de l’impératrice Sissi, est tuée. La chapelle Notre-Dame-de-Consolation, érigée sur le site du bazar à proximité des Champs-Elysées, commémore la tragédie.

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La une du Petit Journal, 16 mai 1897. BNF/Gallica

De cet incendie découleront les normes modernes en termes de sécurité dans les lieux publics ainsi que le projecteur de cinéma électrique, mis au point par les frères Lumière. C’est aussi le point de départ de la série en huit épisodes Le Bazar de la Charité (The Bonfire of Destiny en anglais), écrite par Catherine Ramberg et Karine Spreuzkouski. La condition féminine à la fin du XIXe siècle comme toile de fond, on suit trois femmes impactées par le sinistre : une bourgeoise (Audrey Fleurot, déjà vue dans Intouchable et Un village français), sa nièce et sa servante.

Dans les rôles secondaires : Stéphane Guillon en directeur de la Sûreté chargé de l’enquête, Gilbert Melki en politicien carriériste et Josiane Balasko en matrone qui surmonte à sa manière la disparition de sa fille. « J’ai inventé tous les personnages », prévient la scénariste Catherine Ramberg dans Le Parisien. « En revanche les costumes sont très fidèles, il y a eu un vrai travail de reconstitution à partir de gravures de l’époque. »