Portfolio

Ben Quesnel, la #vanlife à la française

Après avoir quitté son poste chez Facebook, dans la Silicon Valley, le Français Ben Quesnel a sillonné les routes de France et des Etats-Unis à bord de ses deux vans Volkswagen : Joziane et Jozette. Une aventure devenue un mode de vie – puis un métier.
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Basse-Californie, Mexique. 
© Andy Best

Au départ, il ne s’agissait que d’un voyage. Trois ans plus tard, pourtant, Ben Quesnel est toujours sur la route. Après tout, quoi de plus naturel pour un enfant d’expatriés que de continuer à parcourir le monde ? Arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 26 ans, le Français a commencé sa carrière à côté de San Francisco, dans les bureaux de Google. Il rejoint ensuite les équipes marketing de Facebook et fait l’acquisition d’un van Volkswagen de 1985 pour occuper ses week-ends. « J’avais déjà beaucoup voyagé et je souhaitais mettre un peu d’argent de côté pour me lancer dans l’entrepreneuriat », explique-t-il. Bricoleur, il répare l’engin et son passe-temps se transforme peu à peu en projet. Fin 2019, il décide d’entamer une course contre l’hiver et rejoint l’Alaska via la Californie, l’Oregon, l’État de Washington et le Canada. Un périple de plus de 10 000 kilomètres qui lui prendra six mois. Deux ans plus tard, lors d’un séjour en France, il achète un autre véhicule – un camion Volkswagen Doka de 1992 transformé en van – et part cette fois sur les départementales de l’Hexagone. Comme tout bon Français, il baptise ses engins : Jozette (l’Américaine) et Joziane (la Française).

« Aux Etats-Unis, il y a une grande culture du road trip, encouragée par les grands espaces et l’héritage de la conquête de l’Ouest », témoigne Ben Quesnel par téléphone, depuis l’Oregon. « Il y a davantage d’aménagements et de terrains publics sur lesquels camper. Il y a aussi depuis longtemps des populations marginales qui ont dû adopter ce mode de vie à cause de l’explosion des prix de l’immobilier. Ces gens se réunissent en petits villages nomades, loin de la #vanlife idéalisée sur les réseaux sociaux. » Lors de son tour de France, il est surpris de « n’avoir eu aucune difficulté à trouver un endroit où se garer pour dormir ». En effet, la culture des camping-cars est développée en Europe et des applications mobiles aident à trouver des aires de services accessibles. Malgré tout, un nombre croissant de municipalités françaises installent des barrières pour empêcher le passage et le stationnement des véhicules hauts. Mais les avantages de cette vie itinérante surpassent les inconvénients, affirme le voyageur : « Il suffit de passer un col de montage et on tombe sur des paysages, des accents et une architecture différente. J’ai réalisé que je connaissais assez peu mon pays. »

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Ariège.
 © Ben Quesnel
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Basse-Californie, Mexique. 
© Ben Quesnel
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Nord de la Californie. © Lawrence Rickford
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Nuevo León, Mexique. 
© Ben Quesnel
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Wyoming. 
© Ben Quesnel
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Désert de Black Rock, Nevada. © Josiah Q. Roe

Au quotidien, vivre dans un van requiert esprit pratique et sens de l’organisation. « Il faut faire vœu de minimalisme, mais aussi d’optimisation constante », explique Ben Quesnel. Un fonctionnement qui correspond bien à sa personnalité. « Je ne laisse jamais rien dérangé. Tout ce qui sort de son rangement y retourne dès que je n’en ai plus besoin. » Rien n’est laissé au hasard : la cuisine, le brossage de dents ou le travail sont une routine stricte divisée en gestes précis. « Ça peut sembler paradoxal quand on s’imagine une vie nomade en bus Volkswagen », admet-il, loin des clichés hippies. Surtout, les vans sont particulièrement exposés aux intempéries. « Une vague de froid implique de devoir utiliser ses ressources avec parcimonie car les panneaux solaires ne chargent plus et le chauffage consomme la batterie à vive allure. Si il pleut, il faut trouver un terrain peu propice aux inondations, ranger ses vêtements et chaussures mouillées dans un sac étanche… »

En chemin, les incidents ne manquent pas. « Il y a ce jour où j’ai trouvé une mygale sur ma glacière, à Monterrey, au Mexique. Et cette fois, dans la même région, où mon van s’est enlisé dans le lit d’une rivière alors qu’un orage approchait. J’ai dû utiliser ma table de camping comme plaque de désensablage pour me dégager à temps. » Loin de se décourager, le Français a décidé de mettre à profit ses aventures pour créer une entreprise. Diplômé de Sciences Po à Paris, Ben Quesnel n’a pas mis longtemps à identifier le potentiel du secteur. « Avec le Covid, la #vanlife est devenue un marché en pleine expansion ! » Il a lancé une première activité de consultant en modes de vie alternatifs, avant de créer en décembre dernier une plateforme d’achat de produits pour les vans, Simpler Ways : tasses et chaises de jardin pour l’été, couvertures pour l’hiver, kits d’aménagement pour permettre à tous de transformer un véhicule en maison sur roues… Une activité qu’il peut continuer sur la route et qui lui permet de « créer un pont » entre la tech et sa nouvelle communauté de nomades modernes, explique-t-il avant de reprendre le volant. « C’est le meilleur des deux mondes ! »

 

Portfolio publié dans le numéro d’octobre 2022 de France-Amérique. S’abonner au magazine.