Après vingt minutes de train depuis la Gare de Lyon à Paris, puis quelques minutes de marche, on aperçoit au loin la cime d’un immense cèdre bicentenaire. L’arbre majestueux garde l’entrée de la Propriété Caillebotte, qui s’ouvre sur un parc de onze hectares en libre accès, d’un entretien remarquable. La visite commence par la grande maison de pierre blanche à la façade palladienne. L’intérieur, richement décoré avec du mobilier d’époque, reconstitue la vie de la famille Caillebotte et nous plonge dans l’atmosphère cossue du XIXe siècle.
Au rez-de-chaussée, on visite la salle à manger pouvant accueillir jusqu’à 36 convives et la bibliothèque de 6 000 ouvrages. A l’étage, on découvre les vies passionnantes de Gustave Caillebotte et de son frère Martial, photographe de talent ; on parcourt la chambre à coucher d’inspiration napoléonienne, puis l’atelier du peintre. C’est ici que Caillebotte réalisa plus de 80 toiles impressionnistes, la plupart directement inspirées de sa vie à la propriété. Artiste de l’insouciance et des loisirs, il peint, à l’ombre des grands arbres, les joies de la baignade, du canotage, de la pêche et du jardinage. Quand elles ne sont pas prêtées à d’autres musées, on peut admirer à Yerres cinq œuvres originales de Caillebotte : Portraits à la campagne ; Le Billard ; Yerres, de l’exèdre, le porche de la demeure familiale ; Le mur du jardin potager, Yerres et Portrait de Zoé Caillebotte.
Flâneries en plein air
La visite se poursuit dans le parc, qui réserve de nombreuses activités. Il est ainsi possible de découvrir le potager de 1 700 mètres carrés (Gustave, parmi ses nombreuses passions, était féru d’horticulture) dont les jardiniers de l’association Potager Caillebotte, à chaque saison, font sortir de terre des légumes anciens, des plantes médicinales et aromatiques, des fleurs et des fruits. La propriété compte aussi une volière, qui hébergeait jadis les meilleurs oiseaux chanteurs, un chalet suisse dans lequel on ira prendre le thé ou le déjeuner, une chapelle néogothique, une orangerie, ainsi qu’un kiosque oriental.
Parmi les statues antiques, on prend plaisir à s’imaginer en bourgeois de la Belle Epoque. Pendant le week-end, de mai à septembre, il est possible de louer une barque ou un canoë. Depuis l’embarcadère au toit de tuiles, ramez le long de l’Yerres, la rivière tant de fois représentée par Caillebotte, qui était également architecte naval et amateur de régates. Les marcheurs longeront le cours d’eau à pied sur quelques kilomètres jusqu’à la petite ville de Boussy-Saint-Antoine. L’occasion, entre deux moulins à eau, de prolonger l’immersion dans les tableaux champêtres de Gustave Caillebotte.
Article publié dans le numéro de novembre 2020 de France-Amérique. S’abonner au magazine.