A dix-neuf ans, le réalisateur français Nathan Ambrosioni fait sensation. Son long métrage Les drapeaux de papier, portrait sensible d’un détenu qui sort de prison et renoue avec sa sœur après douze ans d’absence, a séduit le public et la critique. On compare déjà le jeune homme à Ken Loach et aux frères Dardenne et le quotidien de sa région natale l’a surnommé le « jeune Mozart du septième art ».
Le jeune réalisateur originaire de Peymeinade, à proximité de Grasse dans le sud-est de la France, est actuellement en tournée de promotion aux Etats-Unis. Son film a été projeté à Austin puis à San Francisco et sera à l’affiche du festival Focus on French Cinema à Greenwich (Connecticut) le 27 avril prochain.
France-Amérique : Vous avez commencé le scénario de votre film à dix-sept ans. Comment devient-on réalisateur à cet âge ?
Nathan Ambrosioni : C’est un métier comme un autre. Je n’ai jamais sacralisé le cinéma en me disant que c’est quelque chose d’incroyable ; je ne me suis pas non plus lancé dans le cinéma après avoir vu un film de Godard. C’est simplement une passion. J’adore manger ; j’aurais pu choisir de devenir cuisinier.
Qu’est-ce qui vous a incité à faire des films alors ?
Les films d’horreur américains m’ont donné envie de faire du cinéma. J’avais douze ans et je voulais faire peur aux gens. J’ai trouvé incroyable qu’un film puisse véhiculer des émotions aussi fortes. Les drames intimistes, que j’ai découverts à l’âge de seize ans avec Xavier Dolan, m’ont ensuite fait comprendre que j’avais envie de réaliser autre chose que des films d’horreur.
Votre âge a-t-il été un frein lors de la production des Drapeaux de papier ?
J’étais mineur lorsque Sensito Films a accepté de produire mon film : mes parents ont dû signer le contrat de production à ma place ! A part ça, mon âge n’a jamais été un frein ou un handicap. Je n’ai pas abordé les sociétés de production ou les acteurs en tant que réalisateur de dix-huit ans, mais en tant que réalisateur qui a envie de faire son premier film.
Les acteurs Noémie Merlant (à gauche) et Guillaume Gouix dans Les drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni. © Sensito Films
Comment vous êtes-vous formé au cinéma ?
Je suis autodidacte. J’ai appris en regardant des films — j’adore le cinéma indépendant américain, les films de Gus Van Sant et de Terrence Malick, mais aussi Jacques Audiard, les frères Dardenne, Hayao Miyazaki, Hirokazu Kore-eda, Wong Kar-wai, Lee Chang-dong. J’ai ensuite appris en écrivant mes propres histoires et en filmant mes amis. Je me suis initié au montage grâce à un tutoriel sur YouTube ! J’aurais beaucoup aimé faire une école de cinéma comme la Fémis à Paris, mais j’ai été refusé par toutes les écoles où j’ai envoyé ma candidature. Mon premier film est lancé [il a récemment été acheté par le distributeur K-Films Amérique et sortira en salles au Canada le 28 juin] et le second est en cours de financement : si je m’arrête maintenant pour faire une école, je risque de trouver le temps long.
Comment votre premier film a-t-il été accueilli aux Etats-Unis ?
Très bien. Les spectateurs américains ont reçu le film comme les spectateurs français : ils ont ri au même moment, ils ont été émus au même moment. La culture américaine est évidemment différente de la culture française, mais le cinéma se vit de la même manière. C’est agréable de voir qu’il n’y a pas vraiment de frontières pour un film et qu’on peut partager les mêmes émotions un peu partout dans le monde.
Les drapeaux de papier
Projection le 27 avril à 12h30
Bow Tie Criterion Cinemas
2 Railroad Avenue
Greenwich, CT 06830