Calibrée pour l’altitude et la neige, adoptée à la ville par les minets et les stars, la marque française ouvrira le 14 juillet prochain sa première boutique américaine dans le quartier de SoHo à New York. Retour sur une success story française.
En 1957, l’opticien Roger Pouilloux s’associe au skieur star de l’époque Jean Vuarnet, imaginant pour lui une paire de verres « capables d’accroître l’acuité visuelle et d’accentuer les reliefs sur la neige ». Trois ans plus tard, sa technologie Skilynx se fait un nom lorsque Vuarnet, équipé des fameux verres bi-dégradés, modèle 02, aligne ses skis au départ de la descente des Jeux olympiques de Squaw Valley en Californie, non loin du lac Tahoe (à 300 kilomètres au nord-est de San Francisco). Avec sa position rendue célèbre dite de « l’œuf » (en position de fœtus), le Français remporte la médaille d’or.
A l’arrivée, on salue presque autant la performance des lunettes — ses verres minéraux qui filtrent 100% des rayons ultraviolets et absorbent 98% des rayons infrarouges, qui empêchent l’éblouissement dû à la réverbération de la lumière sur la neige — que la performance sportive. Cette victoire scelle l’union de l’opticien et du sportif qui signent un contrat de licence afin d’exploiter leurs lunettes sous le nom de ce dernier. Avec son slogan « It’s a Vuarnet day today », les lunettes popularisées par la nouvelle star du ski alpin tricolore deviennent la référence mondiale.
Des cimes au tapis rouge : les lunettes Vuarnet au cinéma
Le cinéma va se charger d’en faire une marque emblématique du chic à la française. Au summum de son sex-appeal, Alain Delon les porte dans La Piscine (de Jacques Deray, 1969) face à Romy Schneider, et fait du modèle 06 un emblème de l’élégance masculine. La marque connaît son heure de gloire aux Etats-Unis dans les années 1980, où elle est choisie comme partenaire officiel des Jeux olympiques de Los Angeles. Elle devient le principal concurrent de Ray Ban en vendant plus de 1 million de paires aux Etats-Unis. Même les Kennedy l’adoptèrent !
Un temps oubliées, les lunettes ressurgissent à l’écran avec le modèle 03 porté par le cultissime « Dude » incarné à l’écran par Jeff Bridges dans The Big Lebowski des frères Coen en 1998. Le jazzman Miles Davis et la rock-star Mick Jagger en font un accessoire rock. Mais c’est encore au cinéma que les lunettes Vuarnet brillent le plus. Outre l’Aston Martin et le smoking haut de gamme de rigeur, James Bond, l’espion anglais joué par Daniel Craig, enrichit sa panoplie d’une paire de lunettes Vuarnet et de son modèle culte Glacier au style vintage, lors d’une course poursuite dans les Alpes autrichiennes dans 007 Spectre.
Relancée récemment, la marque qui appartient désormais au fonds d’investissement britannique Neo Capital n’a rien changé à sa méthode de production. Elle continue de s’appuyer sur la mode et le cinéma pour rajeunir sa clientèle et a choisi comme nouvel ambassadeur le comédien Vincent Cassel. Aperçues à la Fashion Week masculine de Paris en 2015 — fruit de la collaboration entre Vuarnet et Ami (la marque d’Alexandre Mattiussi) et filmée par Loïc Prigent — les lunettes sont aujourd’hui des créations griffées par des créateurs tels que Philippe Starck et son modèle Starck Eyes. A l’automne de la même année, Vuarnet rééditait le modèle 06 que portait Alain Delon dans La Piscine à l’occasion du remake américain du film, A Bigger Splash, avec Matthias Schoenaerts, Tilda Swinton, Ralph Fiennes et Dakota Johnson.
La marque poursuit sa stratégie de reconquête. Elle a rapatrié l’ensemble de sa production en France : les verres sont fabriqués à Meaux en Seine-et-Marne et les montures à Arbent dans l’Ain. Aux Etats-Unis, la marque a recréé une filiale, Vuarnet Inc., et ouvert plusieurs pop-up stores. Avec une première boutique américaine, qui ouvrira à New York à l’occasion de Bastille Day, Vuarnet célèbre son grand come-back.
Vuarnet New York
39 Spring Street
New York, NY 10012
www.vuarnet.com