Laurent Le Gall, le réalisateur français de la série « L’Amérique dans tous ses états » diffusée sur TV5 Monde, renoue avec son sujet de prédilection : le festival américain de Burning Man, un sujet auquel il a consacré de nombreux films (Sensation : A Trip to Burning Man, 2002 ; Voyage en Utopie, 2007 ; De Sin City à Black Rock, 2011 ; La ville qui n’existait pas, 2013). Dans un documentaire en huit épisodes coproduit avec France Télévisions, The Temple, disponible sur YouTube, le Français s’intéresse maintenant à la dimension spirituelle de l’événement.
A la fin du mois d’août chaque année, plusieurs dizaines de milliers d’artistes, musiciens, libres penseurs et doux rêveurs font le voyage vers un coin de désert brûlé par le vent et le soleil à deux cents kilomètres au nord de Reno, dans le Nevada. Pendant une semaine, s’organise une communauté de bric et de broc surnommée Black Rock City, organisée autour d’une haute structure de bois, le « Temple ». La destruction de l’édifice par les flammes, le dernier dimanche du festival, marque la clôture symbolique de Burning Man.
Depuis 2000, l’architecte et artiste originaire de San Francisco David Best, 71 ans, est chargé de concevoir le Temple, construit de toutes pièces à Petaluma, en Californie, par une centaine de bénévoles — dont le réalisateur Laurent Le Gall, qui depuis vingt ans partage sa vie entre le Finistère et la Californie, et sa famille — puis acheminé par semi-remorques sur le site du festival. « Du premier croquis de David Best jusqu’au jour où le Temple est brûlé, le projet est chargé d’émotions et d’histoires que j’avais envie de partager », explique Laurent Le Gall, qui a suivi pendant quatre mois la construction du Temple pendant l’année 2016.
Inspiré par l’un de ses voyages, l’œuvre de David Best — sa dernière — reproduit un temple népalais. Corniches évasées, toits à degrés, sept étages, quinze mètres de côté, trente mètres de haut. Une fois assemblée, la structure éphémère devient le cœur spirituel de Black Rock City. Les festivaliers s’y rassemblent. Ils y déposent souvenirs, photos, lettres et objets personnels en mémoire de leurs proches disparus, puis se recueillent en silence lorsque l’édifice disparaît dans les flammes.
« Avec mon film, j’ai voulu montrer l’aventure humaine derrière cette construction pharaonique », précise Laurent Le Gall. « Les pleurs, les rires, les aléas de parcours, la tempête de sable que l’on a essuyé, mais aussi la réaction des Burners [les festivaliers] qui découvrent le Temple terminé. »