Communauté

Covid : une association pour aider les seniors français de New York

Appeler les personnes âgées de nationalité française qui vivent dans les Etats de New York, du New Jersey et du Connecticut et leur proposer une assistance : c’est l’objectif de l’Association d'aide aux seniors face au coronavirus, fondée en avril dernier.
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© CDC

D’abord étonnée, la voix au bout du fil se fait enjouée. « Vous avez la même voix que mon neveu ; je pensais que c’était lui ! » Notre appel a surpris Cécile Sinamal, 77 ans, à Port Washington, sur la côte nord de Long Island. Originaire de Martinique, elle a fait pendant plus de 40 ans le ménage dans les hôtels Marriott ; elle s’occupe maintenant d’une amie, une dame blonde qu’elle surnomme « Marilyn Monroe », et réceptionne le courrier de sa voisine, retenue en Floride par la pandémie. « Vous voyez, je travail et je fais mon sport, du tennis et du basketball. Tout va bien ! »

Comme tous les plus de 65 ans, Cécile Sinamal fait partie des personnes considérées comme « à risque » par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Cette tranche d’âge représente 80 % des décès liés au Covid-19 aux Etats-Unis. Pour venir en aide à « cette population particulièrement vulnérable », peu connectée et souvent isolée, l’entrepreneur français Yann Coatanlem a fait appel à son réseau.

Directeur pendant 25 ans d’un groupe de recherche à la banque new-yorkaise Citi et fondateur du Club Praxis, un influent groupe de reflexion franco-américain, il a réuni quelque 80 bénévoles au sein de l’Association d’aide aux seniors face au coronavirus. A partir des listes consulaires, disponibles sur demande, ils ont identifié plus de 3 000 personnes de plus de 65 ans dans la circonscription de New York, qui englobe les Etats de New York, du Connecticut, du New Jersey ainsi que les Bermudes.

Détresse morale et financière

« Nous avons déjà appelé plus de 250 personnes, dont certaines en situation de détresse morale et financière, seules, handicapées ou incapables de descendre les escaliers pour acheter des vivres et des médicaments », témoigne Yann Coatanlem. « Une vieille dame à Manhattan osait à peine sortir de chez elle pour aller chercher une part de pizza. Une autre personne de 67 ans était en situation illégale aux Etats-Unis. »

Les bénévoles posent à leur interlocuteur une série de questions définies par un script : Etes-vous en bonne santé ? Etes-vous isolé ? Avez-vous accès aux produits de première nécessité ? Avez-vous des problèmes financiers ? Les personnes qui demandent de l’aide sont orientées vers des organisations compétentes, comme Entraide Française, qui assiste ceux dans le besoin, l’association de retraités L’Age d’Or, qui dépend du réseau Accueil New York, ou les services sociaux du consulat de France. Un tableau Excel permet de centraliser les informations recueillies.

Une trentaine de personnes âgées ont répondu « oui » à la question « Souhaitez-vous être recontacté à intervalle régulier durant la crise ? ». Au fil des appels, des relations se sont ainsi nouées. La semaine dernière, une aide-soignante a appelé une bénévole de l’association lorsque la dame française dont elle s’occupait est décédée d’une crise cardiaque.

Un moment de convivialité

A Fairfield, dans le Connecticut, une dame nous fait comprendre qu’elle ne veut pas être dérangée. D’autre personnes répondent avec joie et profitent de ce moment pour s’épancher. Henri Fromageot, dans le New Jersey, détaille sa thèse de chimie moléculaire, défendue à Cambridge University en 1966, et les cours de mathématiques qu’il suit en ligne à Montclair State University. « En ce moment », explique l’octogénaire, « je fais de l’algèbre linéaire pour m’entretenir la cervelle ».

Au cœur des Catskill Mountains, au nord de la ville de New York, une dame « sans âge » refuse de nous donner son nom : « Appelez-moi Maraea ; c’est le prénom tahitien que m’a donné mon père. » Bénévole dans une clinique et dans une banque alimentaire, elle écrit à des prisonniers condamnés à mort et milite pour l’avortement et la paix, contre Bill Gates et le wifi. « Je vis en isolation divine avec les ours, les cerfs et les buses à queue rousse. »

Tous les séniors français de la région de New York se sont pas isolés ou souffrants. Au contraire. La grande majorité semble bien portante, sereine et peu préoccupée par le virus. « Nous prenons la température de la communauté », explique Yann Coatanlem. « En mettant en place cette infrastructure d’entraide, notre rôle est avant tout proactif. Je suis arrivé à New York deux semaines avant le 11 Septembre, puis il y a eu l’ouragan Sandy. Il y aura d’autres crises et nous devront être en mesure de contacter les seniors. »


Association d’aide aux seniors face au coronavirus
(ASCV)

Email : contact.ascv@gmail.com
Téléphone (numéro vert) : (888) 313-5542