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Les 100 lieux qu’il faut voir en France

Véritable promenade à la découverte des destinations les plus exceptionnelles de France, cette émission disponible sur TV5MONDEplus emboîte le pas aux locaux, qui nous racontent l’histoire des châteaux, vignobles, recettes traditionnelles, du bâti... et de leurs coins secrets. Entretien avec son producteur, Vincent Dupouy.
Le château de Maintenon et son aqueduc abandonné, dans l’Eure-et-Loir. © Château de Maintenon

France-Amérique : Dans cette émission de patrimoine, vous n’avez pas d’animateur ni de voix off mais des « ambassadeurs ». Qui sont-ils ?

Vincent Dupouy : Chaque épisode en a trois : ce sont des personnes qui ont un attachement tout particulier à la région qu’ils nous font découvrir, et y vivent depuis très longtemps. Souvent, ils ont dû partir, pour les études ou le travail, et ont fini par revenir après cette expérience de la vie ailleurs. Il y a aussi des enfants du pays, enracinés dans leur territoire, ou encore ceux qui ont simplement eu un coup de cœur et décidé de s’installer là. Je me souviens notamment d’un passionné de VTT qui était allé randonner en Lozère. A peine rentré à Paris, il a annoncé à sa famille qu’ils allaient tous y emménager, et ce dès la semaine suivante ! Cela fait dix ans qu’ils y sont installés et il est ravi de son choix.

Que cherchez-vous à montrer ?

Nous cherchons à raconter des histoires. Pour cela, les ambassadeurs rencontrent des locaux qui nous font découvrir leur château, leur cuisine traditionnelle, leur manière de travailler… On ne s’attardera pas sur la technicité d’une recette de cuisine, mais plutôt sur ce que le plat raconte de la région. Lors d’un épisode tourné sur les contreforts du Vercors, une cheffe nous a concocté du poulet aux écrevisses – notre ambassadrice avait les larmes aux yeux, en retrouvant tous les goûts de son enfance, tous ses souvenirs en famille. Je pense qu’on expérimente tous des moments « madeleine de Proust » comme celui-là, dans des endroits qui nous marquent davantage pour les émotions qu’ils suscitent en nous que pour leur beauté.

Vous proposez des sites touristiques inattendus…

Oui, ces ambassadeurs-guides passionnés nous partagent leurs coups de cœur, leurs coins secrets. C’est tout le sel du programme ! On a le luxe de pouvoir sortir de l’image d’Epinal de chaque région pour s’offrir des pas de côté. On vient par exemple de tourner un épisode sur la Guadeloupe, dans lequel on monte évidemment au sommet de la Soufrière – le site le plus visité de l’archipel. Mais on suit aussi une association qui restaure les « grenats », ces mobylettes utilisées dans les années 1960 et 1970 par les pères de familles, pour amener leurs enfants à l’école et aller travailler aux champs. Un club d’amateurs bichonne ces engins pour conserver un fragment de mémoire collective.

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Dans le département de l’Allier. © Morgane Productions

Vous évoquez l’architecture, la cuisine, la nature… Comment trouvez-vous un équilibre ?

Si, à la fin de l’émission, le téléspectateur se dit « J’irais bien en vacances là-bas », alors j’ai réussi mon coup. On part à la rencontre du lieu, du bâti, du patrimoine naturel, de l’artisanat, de la gastronomie, qui incarnent une région et ses traditions, et le reste est dicté par là où on se trouve. En Sologne, on aura davantage de séquences sur la nature, quand, dans le Val-de-Loire, l’accent sera davantage mis sur les châteaux magnifiques. Chaque zone dicte sa réalité.

Avez-vous supervisé un épisode sur votre région natale ?

J’ai grandi près du bassin d’Arcachon. C’est une zone que je connais extrêmement bien et j’ai eu le plaisir de revoir la réserve naturelle du banc d’Arguin où j’allais ramasser des coques avec mon père. On a tous un coin secret, une petite crique, un bout de dune ou de forêt qui nous rappelle des souvenirs… Mais j’ai aussi appris beaucoup de choses ! J’ai passé toute mon enfance à Arcachon. Mes parents se sont même rencontrés là-bas. Je ne m’étais jamais demandé pourquoi aucune rue n’est perpendiculaire dans le quartier de la Ville d’Hiver. En fait, il n’y pas d’angles droits car il s’agit d’une ville thermale où les gens venaient soigner leurs poumons. Elle a été construite ainsi pour éviter que le vent de la mer ne s’engouffre dans les rues !

Le programme en est déjà à sa huitième saison. Comment continuer à innover et à surprendre ?

Je pense que les lieux évoluent et que notre façon de les regarder change tout autant. Avec la crise sanitaire que nous venons de traverser, les gens sont moins partis à l’étranger et beaucoup ont décidé d’aller profiter de leur propre patrimoine. L’évolution technologique a aussi joué sa part : on a de plus en plus de belles images aériennes prises par des drones. On a également changé le découpage régional pour proposer davantage de trajets : la découverte de la Bretagne en suivant le sentier côtier, le canal du Midi… On se penche sur des découpages territoriaux plus anciens et on cherche des endroits qui ont une vraie cohérence. Enfin, on essaie de mettre davantage en valeur les jeunes, car les amoureux de leur territoire ne sont pas forcément des gens âgés ! Il y a des passionnés de 20 ou 30 ans, c’est un vrai mouvement de fond.

Quel endroit a le plus marqué votre imagination ?

A une heure et demi de Paris, dans le Perche, j’ai découvert une histoire incroyable. Lorsque Louis XVI a fait construire Versailles, il voulait y voir beaucoup de fontaines. Ses ingénieurs ont commencé à détourner un bras d’eau qui alimentait le château de Pontgouin, via un aqueduc qui passe juste à côté du château de Maintenon. Plus de 30 000 soldats sont réquisitionnés pour travailler sur le projet, mais la guerre a éclaté et tout s’est interrompu. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits sur cet aqueduc – qui n’a jamais été terminé – et des arbres nains poussent dessus. Leurs racines plongent dans l’eau, 25 mètres plus bas !


L’émission
Les 100 lieux qu’il faut voir est disponible en streaming sur TV5MONDEplus.