Diptych Icons

La tombe du Soldat inconnu, un symbole franco-américain

La Tomb of the Unknown Soldier américaine, inaugurée en Virginie en 1921, est directement inspirée du monument parisien sous l’Arc de triomphe. Tous deux commémorent les portés disparus de la Première Guerre mondiale, qui s’est achevée il y a 104 ans ce 11 novembre.
[button_code]
La tombe du Soldat inconnu américain, à Arlington. © Philippa Rose-Tite

La tombe du Soldat inconnu

Pendant la Grande Guerre, 300 000 soldats français sont portés disparus : leur corps n’a pas été retrouvé ou n’a pas pu être identifié. Alors comment rendre hommage à ces sans-noms? Dès 1916, on évoque l’idée d’un soldat inconnu pour les représenter. Trois ans plus tard, l’Assemblée nationale adopte la proposition d’inhumer « un déshérité de la mort ».

Le Panthéon est associé aux « grands hommes » et cette ancienne église n’est pas assez laïque. Le Soldat inconnu sera donc inhumé sous l’Arc de triomphe, érigé à la mémoire des armées de la Révolution et du Premier Empire.

Le choix de la dépouille revient à un vétéran de 19 ans, Auguste Thin. Le 10 novembre 1920, à Verdun, en présence du ministre André Maginot, le jeune soldat fait face à huit cercueils, chacun provenant d’un secteur du conflit : Artois, Champagne, chemin des Dames, Flandres, Ile-de-France, Lorraine, Somme et Verdun. Sur le sixième, il pose un bouquet d’œillets rouges et blancs. (Une cérémonie reconstituée dans le film La Vie et rien d’autre de Bertrand Tavernier.)

Le cercueil est aussitôt transporté à Paris à bord d’un train spécial et placé sous l’Arc de triomphe le lendemain, date anniversaire de l’armistice. (Le même jour, un porté disparu britannique est enterré à Westminster.) Le Soldat inconnu sera officiellement inhumé en 1921 et une « flamme du souvenir » allumée le 11 novembre 1923.

Le geste inspirera nombre d’initiatives similaires, aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en Gambie, en Malaisie…

tombe-soldat-inconnu-paris-arlington-washington-usa-tomb-unknown-soldier-2
Paris. © Yves Damin
tombe-soldat-inconnu-paris-arlington-washington-usa-tomb-unknown-soldier-3
Arlington. © Yves Damin

The Tomb of the Unknown Soldier

Le 28 janvier 1921, le Soldat inconnu français est officiellement enterré sous l’Arc de triomphe. Un mois plus tard, le Congrès approuve un hommage similaire, au cimetière national d’Arlington, à côté de Washington D.C.

Le sergent Edward Younger, décoré et deux fois blessé, est nommé pour désigner le soldat. A la mairie de Châlons-en-Champagne, il place une gerbe de roses blanches sur l’un des quatre cercueils, exhumés des cimetières américains du bois Belleau, de Romagne-sous-Montfaucon, de Saint-Mihiel et de la Somme.

Rapatrié à bord du croiseur Olympia, le corps est exposé au Capitole à Washington – 90 000 personnes viendront s’y recueillir – avant d’être inhumé à Arlington, le 11 novembre 1921. Le général Pershing jettera dans le caveau une poignée de terre française et le soldat recevra à titre posthume la Croix de guerre et la Légion d’honneur.

Face au sarcophage du Soldat inconnu, en marbre du Colorado, se trouvent trois autres sépultures. Dans deux reposent un porté disparu de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. La troisième est vide depuis 1998, la technologie ADN ayant permis d’identifier le Soldat inconnu de la guerre du Vietnam, le premier lieutenant Michael Blassie, et de rendre son corps à sa famille. (En France, les Soldats inconnus de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre d’Indochine et de la guerre d’Algérie sont enterrés à la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, non loin de Lille.)

Le lieu est en permanence gardé par une sentinelle armée.

 

Article publié dans le numéro de novembre 2022 de France-Amérique. S’abonner au magazine.