France-Amérique : Comment cette série documentaire itinérante est-elle née ?
Richard Orlinski : La pandémie a été très dure pour les artistes et la culture de l’extérieur au sens large. J’ai eu envie de leur donner un coup de projecteur. J’en ai donc parlé à un producteur avec qui je travaille régulièrement et nous avons proposé le projet à TV5MONDE. Ils ont tout de suite jumped on it, comme on dit, et ça c’est fait très vite. La première saison, 20 épisodes d’une trentaine de minutes, a été lancée en novembre 2021.
Après Paris, Marseille, Bruxelles, Berlin, Barcelone, Montréal ou Miami, vous vous apprêtez à tourner un épisode consacré à New York. Comment choisissez-vous les destinations mises en avant dans la série ?
La saison 3 nous emmènera en effet aux Etats-Unis, mais aussi en Afrique, en Amérique du Sud et en Inde. Lorsque nous préparons une saison, nous essayons d’inclure au moins une ville française, mais sinon notre champs est sans limite. L’idée, c’est d’explorer le monde ! Nous sommes néanmoins contraints par le temps, le climat sur place, les artistes que l’on trouve… Il faut aussi savoir que certains pays n’ont pas de street art. C’est pourquoi nous traitons de culture urbaine au sens large : art, musique, danse, cuisine…
Comment se déroulent la préparation et le tournage de chaque épisode ? Comment repérez-vous les artistes francophones que vous rencontrez ?
J’adore les surprises ! L’équipe de production se charge du travail de repérage en amont. Il m’arrive de leur proposer des sujets, lorsque que le travail d’un artiste m’interpelle par exemple, mais c’est assez rare. Je laisse plutôt cette tâche à l’équipe. Elle déniche des talents qui ont une histoire singulière, un travail très visuel et qui intéresseront les spectateurs. J’arrive ensuite sur le terrain avec ma grande naïveté. Ce qui me permet de vivre pleinement chaque rencontre et de partager une expérience, un moment de vie avec la personne. Je suis en immersion ! Cette spontanéité fait la quintessence de l’émission.
Au cours des deux premières saisons, vous avez rencontré des graffeurs, des beatboxeurs, des DJ, des danseurs, des skateurs, des cuisiniers… Ces cultures de rue ont-elles influencé votre propre pratique artistique ?
Bien sûr ! Chaque rencontre m’inspire et me nourrit. J’ai rendu visite dans la première saison à un artiste belge qui travaille beaucoup avec les stickers : j’avais complètement oublié ce médium et j’aimerais maintenant en faire aussi. J’apprends plein de choses ! Ces deux dernières années, c’est comme si j’avais pris des cours sur le graffiti, la peinture, le moulage en plâtre…
Vous êtes connu pour Born Wild, une collection d’animaux sauvages en résine bleue, rose, blanche, rouge, jaune, noire, dorée, chromée… Comment ce bestiaire est-il né ?
J’ai toujours été attiré par les animaux. Ils sont très proches de l’homme, vivent quasiment en symbiose avec nous et sont présents dans toutes les mythologies, chez les Egyptiens, les Grecs, les Romains… Les animaux ont aussi ce côté fédérateur et plaisent à tout le monde.


Parlez-nous de votre pièce la plus célèbre Wild Kong, un gorille dressé sur ses pattes arrières, dont certains modèles atteignent cinq mètres de haut. Faut-il y voir votre alter ego ?
Si ça avait été le cas, je l’aurais fait bien plus grand ! Vous m’insultez ! [Rires.] Pourquoi le gorille ? Parce que c’est un dos argenté, une espèce en voie d’extinction, et parce c’est une créature incroyable dont l’ADN est à 99,99 % commun au nôtre : nous avons la même stature, nous mangeons de la même manière… Il y a quelque chose de très fort dans cette proximité. Sans oublier l’image véhiculée par le film King Kong : un monstre surpuissant mais attentionné, aimant, bienveillant, qui s’oppose aux hommes qui ne comprennent rien et ne pensent qu’à détruire la nature. C’est le mec parfait !
Douze de vos animaux-totems, dont un gorille, un requin, un cheval et un lion, sont actuellement exposés dans les rues de Miami Beach, jusqu’au 31 mars. Vous y avez récemment ouvert une galerie et comptez en ouvrir une autre à New York. Quels liens entretenez-vous avec les Etats-Unis ?
J’ai toujours été fasciné par le pays – la technologie, la mode, le streetwear… J’ai aussi passé trois mois au lycée de Pacific Palisades, à Los Angeles, et j’ai failli poursuivre mes études aux Etats-Unis, mais une question de bourse m’en a empêché. Toutefois, ça fait maintenant des années que je suis exposé à Miami, à New York, à Los Angeles et à Laguna Beach, à Dallas… Mon art marche très bien avec le pop américain. Nous comptons renforcer cette présence dans le courant de l’année 2023, avec une galerie à New York – nous sommes en train de visiter des espaces à SoHo et dans le Meatpacking District – et une autre à Aspen, dans le Colorado. Les Etats-Unis restent une place forte de l’art contemporain !
Sur les murs est actuellement disponible sur TV5MONDEplus.