Conservatory Garden
New York, New York
Ces deux hectares et demi de jardins impeccablement entretenus à l’angle nord-est de Central Park constituent le seul jardin classique au cœur de ce vaste espace vert. On y accède via une majestueuse grille de fer forgé qui marquait jadis l’entrée du palace de Cornelius Vanderbilt II sur la 5e Avenue (aujourd’hui, le site du grand magasin Bergdorf Goodman). Le Conservatory Garden réunit en réalité trois jardins : un jardin central à l’italienne, rectiligne, avec une vaste pelouse rectangulaire flanquée au sud d’un jardin à l’anglaise, plus intimiste et moins stricte dans son organisation, et au nord d’un classique jardin à la française. Structuré autour d’une fontaine et d’une sculpture conçue par l’artiste allemand Walter Schott, Trois jeunes filles dansant, ce jardin possède un parterre géométrique de germandrées souligné par de nombreuses fleurs de saison. Les tulipes offrent un spectacle saisissant au printemps et à la fin du mois d’octobre, 2 000 chrysanthèmes coréennes éclosent en un tableau qui évoque, selon la conservatrice du jardin Diane Schaub, « Monet en 3D ».
The Elms
Newport, Rhode Island
« Cottage » d’été du baron du charbon Edward Julius Berwind et de sa femme, The Elms a été dessiné en 1901 par l’architecte des puissants, Horace Trumbauer, d’après le château d’Asnières, une construction de style Régence aux portes de Paris. Retour de l’école classique française, des hectares de jardins encerclent la demeure. Une vaste pelouse s’étend en pente douce vers une grande allée avec des tilleuls, des thuyas, de fontaines, des statues et des pavillons de marbre à chaque extrémité. Au-delà se cache un charmant jardin en contrebas avec un parterre de bégonias encadré de buis.
Hillwood Estate, Museum & Gardens
Washington D.C.
L’ancien domaine de l’héritière Marjorie Merriweather Post, dont le père a fait fortune dans les céréales, comprend un manoir de style géorgien et dix hectares de pelouses, de jardins classiques et de forêt. Non contente d’héberger la plus importante collection d’art impérial russe en dehors de Russie, la maison reflète la passion de Marjorie pour le mobilier français et les beaux-arts du XVIIIe siècle : en témoignent son somptueux salon français, sa salle des porcelaines et sa chambre à coucher de style Louis XVI qui donne sur un intime jardin à la française. Délimitée par des murs tapissés de lierre, cette élégante pièce extérieure est décorée de parterres de buis symétriques, d’allées de gravier et d’un bassin central avec deux chérubins chevauchant des tritons qui crachent de l’eau par la bouche. Une statue en terre cuite de Diane datant du XIXe siècle, réplique du marbre d’Antoine Coysevox installé à Versailles en 1710, domine ce jardin. En face se dressent deux sphinx de terre cuite sculptés en France au XVIIIe siècle : le premier représente Marie-Antoinette et le second, son amie Marie-Thérèse, princesse de Lamballe.
Longwood Gardens
Kennett Square, Pennsylvanie
S’il y a aux Etats-Unis un jardin à la française qui rivalise avec celui de Nemours, c’est bien celui de Longwood, dessiné par Pierre S. du Pont, le cousin d’Alfred et – jusqu’à ce que leur collaboration tourne au vinaigre – son associé dans l’entreprise familiale de poudre à canon puis de produits chimiques. Le Main Foutain Garden est ici le clou du spectacle. Inauguré en 1931, il combine le paysagisme classique aux dernières avancées de la technologie hydraulique pour créer un tableau aquatique digne de ceux que Du Pont a pu observer à Versailles, au château de Vaux-le-Vicomte, à la villa d’Este et dans les autres palais européens. Ses allées de tilleuls, plantées lorsque le jardin a été ambitieusement restauré il y a quelques années, sont entretenues selon une scrupuleuse méthode mise au point par les jardiniers français qui consiste, au fil des années, à tailler les arbres en forme de carré de manière à ce qu’ils apparaissent tous de la même hauteur et ce, même sur un terrain en pente. A ne pas manquer non plus : le Topiary Garden avec ses arbres soigneusement sculptés en forme de cônes, d’obélisques et autres formes géométriques.
Nemours Estate
Wilmington, Delaware
Version américaine du Petit Trianon, la résidence privée de Marie-Antoinette sur le domaine du château de Versailles, Nemours est le plus grand jardin à la française du pays. La demeure, un cadeau de l’industriel et philanthrope Alfred I. du Pont à sa deuxième femme Alicia, a été érigée en 1910 par les architectes Carrère & Hastings, qui ont aussi dessiné des chefs-d’oeuvre de d’architecture Beaux-Arts comme la Bibliothèque publique de New York. Son parc élégant offre une vue dégagée sur un demi-kilomètre avec des pelouses en terrasse qui mènent vers un vaste bassin miroir et une fontaine centrale. Devant la colonnade se trouve un gracieux parterre de fleurs rouges dominé par Achievement, la sculpture dorée de l’artiste franco-américain Henri Crenier. Parmi les autres points d’intérêt, un jardin en contrebas, conçu à la demande du fils d’Alfred et, à l’extrémité des pelouses, le temple circulaire de l’Amour et sa statue, non pas de Vénus, mais de Diane chasseresse, sculptée par Jean-Antoine Houdon.
Oheka Castle
Huntington, New York
En 1914, le financier et mécène des arts Otto Hermann Kahn acheta une parcelle de terre à Long Island et, au cours des deux années suivantes, y fit aménager une colline de manière à ce que le château qu’il construisait domine les environs. Cette imposante bâtisse de style français, dessinée par les architectes phares du Gilded Age, Delano & Aldrich, avec des jardins conçus par les frères Olmsted – ceux-là même qui pensèrent Central Park – fut achevée en 1919. Résidence d’été de la famille Kahn, la maison accueillit de somptueuses réceptions. Après la mort d’Otto Kahn en 1934, plusieurs changements de propriétaire et des années d’abandon, le domaine a été racheté par un développeur en 1984, méticuleusement restauré et converti en hôtel. Les jardins ont retrouvé leur splendeur et leur austérité d’antan avec quelque 2 500 buis plantés autour de huit bassins miroirs et trois fontaines. Le château d’Oheka et ses jardins sont apparus à maintes reprises sur le grand et le petit écran, notamment dans le film Citizen Kane d’Orson Wells en 1941, dans le clip de la chanson « Blank Space » de Taylor Swift et dans la série de HBO Succession.