Lewis Wickes Hine est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus importants photographes américains du XXe siècle. Il est surtout célèbre pour ses émouvants portraits d’immigrants à Ellis Island, d’enfants au travail dans les usines ou à la mine, et d’ouvriers en équilibre dans les airs sur les poutres métalliques de l’Empire State Building en construction.
Durant la Première Guerre mondiale, Lewis Hine travaille comme photographe pour la Croix-Rouge américaine, avec pour mission de témoigner de la destruction de l’Europe et de ses besoins humanitaires. Au cours du printemps et de l’été 1918, il photographie des centaines de réfugiés, d’orphelins, de soldats hospitalisés, d’infirmières et de bénévoles, ainsi que les champs de ruines. Le but premier de ces clichés est d’encourager le soutien à la Croix-Rouge du public américain. Certains ont été publiés dans les bulletins de l’association humanitaire, mais la plupart ont rejoint les archives de l’organisation, où ils sont restés invisibles pendant près d’un siècle.
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Croix-Rouge a confié sa collection – environ 50 000 clichés – à la Bibliothèque du Congrès à Washington. Le travail de Lewis Hine sera alors égaré en raison d’un code d’archivage qui trompa les historiens pendant près de quarante ans. L’autrice Daile Kaplan est finalement parvenue à déchiffrer ce code et à retrouver les images de Lewis Hine, permettant ainsi au public de découvrir le meilleur de ces photos « perdues » et rendant justice à un authentique pionnier du photojournalisme.
Lewis Hine in Europe: The Lost Photographs de Daile Kaplan, Abbeville Press, 1988.
Portfolio publié dans le numéro d’août 2018 de France-Amérique. S’abonner au magazine.