History

1918 : La France en guerre vue par Lewis Hine

Il y a 105 ans, la Première Guerre mondiale prenait fin en France. A cette époque, le photographe américain Lewis Hine parcourt le pays afin de documenter le travail de la Croix-Rouge américaine auprès des réfugiés, des orphelins et des soldats blessés. Invisible depuis des décennies, son bouleversant reportage a été rendu public par la Bibliothèque du Congrès.
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Un soldat américain se tient dans l’encadrement de la porte d’un immeuble devant la tour Eiffel, en mars 1919. Toutes les photos : © Lewis Wickes Hine/Library of Congress

Lewis Wickes Hine est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus importants photographes américains du XXe siècle. Il est surtout célèbre pour ses émouvants portraits d’immigrants à Ellis Island, d’enfants au travail dans les usines ou à la mine, et d’ouvriers en équilibre dans les airs sur les poutres métalliques de l’Empire State Building en construction.

Durant la Première Guerre mondiale, Lewis Hine travaille comme photographe pour la Croix-Rouge américaine, avec pour mission de témoigner de la destruction de l’Europe et de ses besoins humanitaires. Au cours du printemps et de l’été 1918, il photographie des centaines de réfugiés, d’orphelins, de soldats hospitalisés, d’infirmières et de bénévoles, ainsi que les champs de ruines. Le but premier de ces clichés est d’encourager le soutien à la Croix-Rouge du public américain. Certains ont été publiés dans les bulletins de l’association humanitaire, mais la plupart ont rejoint les archives de l’organisation, où ils sont restés invisibles pendant près d’un siècle.

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Croix-Rouge a confié sa collection – environ 50 000 clichés – à la Bibliothèque du Congrès à Washington. Le travail de Lewis Hine sera alors égaré en raison d’un code d’archivage qui trompa les historiens pendant près de quarante ans. L’autrice Daile Kaplan est finalement parvenue à déchiffrer ce code et à retrouver les images de Lewis Hine, permettant ainsi au public de découvrir le meilleur de ces photos « perdues » et rendant justice à un authentique pionnier du photojournalisme.

Les troupes américaines défilent place d’Iéna et avenue du Président-Wilson à Paris, le 4 juillet 1918.
Dans les bras d’une infirmière de la Croix-Rouge américaine et sous les drapeaux français et américain, des jumeaux qui ont à peine deux semaines. Leur père a été tué au front quatre mois plus tôt et, avec leur mère, ils ont été pris en charge par la Croix-Rouge américaine.
Soldat français au visage mutilé, portant le menton artificiel fait par Anna Coleman Ladd de la Croix-Rouge américaine.
Après l’exercice d’évacuation incendie, les infirmières en rang devant le 60 rue Saint-Didier à Paris, où la Croix-Rouge américaine prépare des colis pour le front.
Vue des destructions de Lens, le 11 avril 1919.
Un soldat afro-américain distrait ses camarades dans l’espace détente de la Croix-Rouge américaine à Orléans, en septembre 1918.
L’heure d’ouvrir pour la journée l’espace détente de la Croix-Rouge américaine à l’hôpital militaire américain n°5 à Auteuil.
Chauffeurs du Comité américain pour les blessés français, en septembre 1918. Elles ont aidé la Croix-Rouge américaine en conduisant des voitures pour le Bureau des enfants, mais sont désormais rattachées au Service de santé, sous l’autorité du gouvernement français.
Château de Grand-Val, à Sucy-en-Brie. Enfants réfugiés de Saint-Sulpice à la campagne. Le soldat français estropié à gauche de l’image est l’un des partenaires de jeux préférés des enfants de Grand-Val. Ce vaste domaine près de Paris a été transformé afin d’accueillir les plus fragiles des jeunes réfugiés de Saint-Sulpice à Paris. La Croix-Rouge américaine a envoyé médecins et infirmières afin de s’occuper de ces patients qui se remettent à merveille dans cet environnement sain.


Lewis Hine in Europe: The Lost Photographs
de Daile Kaplan, Abbeville Press, 1988.


Portfolio publié dans le numéro d’août 2018 de France-Amérique. S’abonner au magazine.