Exposition

L’art des Indiens des Plaines à New York

Après un passage au musée du quai Branly à Paris, l'exposition Indiens des Plaines, qui rend hommage à l’art des tribus des Grandes Plaines du centre des Etats-Unis, arrive à New York au Metropolitan Museum of Art.
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Peau peinte racontant les exploits d’un chef sioux ou mandan lors de guerres entre Arikaras, Sioux et Mandans. © Patrick Gries, Valérie Torre/Musée du quai Branly

Après les premières explorations de Jacques Cartier le long du fleuve Saint-Laurent, Samuel de Champlain au Québec et Cavelier de La Salle dans la vallée du Mississippi et la région des Grands Lacs, la France établit au XVIIIe siècle son empire colonial en Amérique du Nord, surnommé alors la « Nouvelle-France ». Dans ce cadre, des rencontres ont eu lieu avec les ­Indiens. En échange de billes de verre, de miroirs et de métaux, ces Français achètent des peaux de castor et de bison. Les colons marins ont ramené ces « curiosités » en France, alors considérées comme des « sauvageries ». Ces pièces ont été conservées dans les collections royales et les cabinets de curiosités des aristocrates avant d’arriver jusqu’à nous.

Les Français parmi les premiers collectionneurs d'art indien

Pour donner une autre vision des Indiens des Plaines, le musée Branly a rassemblé 140 œuvres d’art provenant de musées américains et européens : éventails, calumets, mocassins, peaux peintes, tuniques de guerre. Parmi cette panoplie d’objets issus des tribus cheyennes, sioux, blackfeet, comanches ou pawnee, figurent de grandes coiffes de plumes d’aigle, à l’origine réservées à la guerre.

L’une d’entre elles, constituée de laine et de petites perles bleues importées par des Européens, aurait appartenu au grand chef sioux Red Cloud. Autre pièce maîtresse de cette exposition, la « Peau des trois villages », une peau de bison peinte, attribuée aux Indiens quapaw qui vivaient dans la vallée du Mississippi. Exceptionnelle par sa rareté, cette peau datant de 1740 représente l’itinéraire d’un groupe de guerriers indiens qui traverse un fort appelé Arkansas, construit par des Français, et qui va combattre une autre tribu armée de fusils. Le village a depuis donné son nom à l’Etat de l’Arkansas.

« Avec la conquête de l’Ouest, les massacres, les épidémies et la mise en réserves de tous ces peuples, les Indiens ont failli disparaître », rappelle André Delpuech, responsable des collections Amériques au musée du quai Branly. On considère qu’il ne restait plus que 250 000 ­Amérindiens aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, quand il y en avait plusieurs millions à l’arrivée des Européens trois siècles plus tôt. « Il y avait une volonté d’éradiquer leur culture. »

L’art des Indiens des Plaines a cependant survécu et connaît à partir du XXe siècle une nouvelle période faste. L’exposition montre ces œuvres d’artistes indiens contemporains, inspirées par les créations traditionnelles. Beaucoup rappellent l’esthétique plus ancienne, comme une magnifique robe de femme en cuir et perles de verre tissées, réalisée en 2005 par la danseuse sioux Jodi Gillette pour ses spectacles.

« Le parti pris de l’exposition, c’est de montrer que, au-delà de ces vicissitudes, l’art amérindien s’est maintenu », conclut André Delpuech. « Il montre une certaine continuité, traverse ces périodes tragiques de la mise en réserves et des guerres indiennes et se redéveloppe, se revitalise même, au XXe siècle. »


The Plains Indians: Artists of Earth and Sky

Du 3 mars au 10 mai 2015
The Metropolitan Museum of Art


Article publié dans le numéro de juin 2014 de
France-AmériqueS’abonner au magazine.