Gad Elmaleh : « Faire rire en anglais est un vrai défi »

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En tournée américaine, l’humoriste français Gad Elmaleh se produira le 16 juin au Beacon Theatre, à New York, avec son spectacle « Sans Tambour ». Il proposera aussi un spectacle en anglais en septembre prochain au Joe’s pub, toujours à New York. Entretien.

France-Amérique : Vous allez faire une nouvelle apparition au Beacon Theatre après vous être déjà produit à New York en 2013. Qu’est ce qui vous pousse à revenir aux Etats-Unis ?

Gad Elmaleh : Il y a plusieurs choses. En ce moment je travaille sur un projet de spectacle totalement anglophone. Faire rire en anglais, dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle, et qui plus est dans une ville comme New York, le berceau du stand-up, est un vrai défi. Je vais me produire dans de toutes petites salles car l’audience américaine ne me connaît pas encore. Comme à San Diego et précédemment à Los Angeles. A côté de ces spectacles en anglais, je me produits toujours auprès de la communauté francophone. Il y a une ferveur de la part du public qui vient me voir en spectacle, et une vraie jubilation de leur part pour la langue française.

Les Etats-Unis ne sont pas une terre inconnue pour vous. Pouvez-vous nous faire part de votre expérience ici ?

J’ai beaucoup fréquenté les clubs de comédie aux Etats-Unis. A New York par exemple, j’allais au Comedy Cellar (club de stand-up à Greenwich Village où se produit notamment l’humoriste américain Louis CK, ndlr). J’ai aussi vécu au Canada, j’étais donc proche des Etats-Unis. Dès l’âge de 15 ans, j’étais familiarisé avec l’Amérique du Nord et sa culture. Des artistes m’ont fortement inspiré aux Etats-Unis, comme Jerry Seinfeld. Ils m’ont permis de connaître le métier et d’entrer en contact avec des gens du milieu.

Jerry Seinfeld, c’est justement le surnom qu’on vous donne ici. Vous retrouvez-vous en lui ?

Cette comparaison est flatteuse. Je me reconnais en lui dans le sens où il travaille sur l’observation, sur l’humain… Il n’est pas dans la vulgarité, il est efficace. Il a une force et une puissance qui font qu’il reste toujours un comique au fil des années. Il a dédié sa vie à cela. J’ai beaucoup d’admiration pour lui.

Que proposez-vous dans votre spectacle pour les Américains ?

Les Américains 100% anglophones n’assistent pas à mes spectacles en français. J’adapte quand même mes shows pour que les gens qui viennent me voir aux Etats-Unis soient connectés aux observations que je fais. C’est à moi de leur montrer que je les ai compris. Je ne peux pas faire mon show comme je le ferais en France, j’ajoute des mots en anglais. Il y en aura beaucoup lors de mon spectacle au Beacon Theatre, lieu où je rêve de me produire depuis que je suis tout petit. Le public peut s’attendre à beaucoup d’allusions, d’imitations américaines, d’expressions et de décalage culturel.

Dans un de vos spectacles, vous évoquiez le bonheur d’être anonyme aux Etats-Unis. L’êtes-vous toujours ?

Oui. Les Américains ne me connaissent pas et j’en suis assez ravi.

Qu’est ce qui fait le plus rire les Français et les Américains ? Y a-t-il un type d’humour que vous ne pouvez pas vous permettre aux Etats-Unis ?

Je pense que les Français et les Américains sont susceptibles pour différentes raisons. J’ai toujours pensé que les Américains avaient un problème avec le sexe et que les Français avaient un problème avec l’argent. Par conséquent, il faut naviguer entre ces deux zones sensibles. L’avantage d’être humoriste est justement de pouvoir caricaturer. Disons que j’arrive à me balader là-dedans sans rien m’interdire.

Y aura t-il des nouveautés dans votre spectacle « Sans Tambour » que vous jouerez à New York ? Comptez-vous laisser une place à l’improvisation ?

Oui. Il y a d’abord des nouveautés car tout l’aspect américain et la description de la vie aux Etats-Unis n’apparaissaient pas dans le spectacle « Sans Tambour » original. Tout ce chapitre sur les Etats-Unis sera totalement inédit pour les New-Yorkais. Et il y aura aussi une place pour l’improvisation.

Vous avez plusieurs casquettes : acteur, humoriste, parfois guitariste, interprète, chanteur et réalisateur. L’humour reste-t-il votre domaine de prédilection ?

Oui, complètement. J’aime l’idée de faire plusieurs choses à la fois. Je pense qu’il ne faut pas rester scotché à un style. J’ai voulu être musicien mais  je n’ai pas pu, par manque de travail… Ensuite, j’ai voulu faire du cinéma. Passer de l’un à l’autre me nourrit, ça me permet de n’être jamais blasé.

Lors d’une précédente interview pour France-Amérique, vous aviez émis l’idée d’un projet de spectacle en anglais. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Ce projet s’est concrétisé. J’en profite pour vous annoncer qu’au mois de septembre 2015, je jouerai pendant dix soirs uniquement en anglais dans un petit endroit qui s’appelle Joe’s Pub, downtown, à New York.