Le parc national de l’Isle Royale peut se targuer d’être l’un des moins fréquentés des Etats-Unis : à peine 26 400 visiteurs en 2019 ! Au milieu du lac Supérieur, à mi-chemin entre le Michigan, le Minnesota et l’Ontario canadien, l’Isle Royale et les quelque 400 îlots adjacents – une réserve de biosphère de l’UNESCO depuis 1980 – font pourtant la joie des plongeurs amateurs d’épaves, des randonneurs, des campeurs et des naturalistes, attirés par les populations de loups, d’orignaux et de papillons nordiques.
On accède au parc en ferry ou en hydravion. Les voitures et les animaux de compagnie y sont interdits pour préserver l’écosystème. L’Isle Royale « est grande et elle a bien vingt-cinq lieues de long », écrivait le missionnaire français Claude Dablon dans le rapport envoyé à ses supérieurs à Paris pour l’année 1669-1670. « Elle est éloignée de la terre ferme de sept lieues et du bout du lac de plus de soixante. » Prêtre originaire de Dieppe et installé en Nouvelle-France depuis 1655, explorateur, ethnographe, astronome, botaniste et supérieur des missions jésuites de l’Ouest, il cartographie l’île que les Ojibwés appellent Minong – « un bon endroit en hauteur». C’est lui qui plaidera pour renommer l’île en hommage au roi de France Louis XIV.
En 1622, le coureur de bois français Etienne Brûlé est le premier Européen à reconnaître le lac Supérieur et à mettre le pied sur l’île, appréciée des tribus amérindiennes pour ses gisements de cuivre. Une découverte qui entraînera une exploitation intensive de l’île, quasiment déforestée à la fin du XIXe siècle. L’Isle Royale et la région environnante – l’équivalent de 2 300 kilomètres carrés, dont seulement 500 au-dessus de l’eau – ont reçu le statut de parc national le 3 avril 1940. C’est à ce jour le seul du Michigan.
Article publié dans le numéro de juin 2022 de France-Amérique. S’abonner au magazine.