France-Amérique : Vous avez participé, en tant que journaliste, au programme Young Leaders de la French-American Foundation. Racontez-nous…
Christine Ockrent : J’ai en effet eu la chance d’être Young Leader au début des années 1980. J’avais déjà à l’époque la responsabilité du journal télévisé de 20 heures d’Antenne 2, donc je n’ai malheureusement pas pu participer à l’ensemble du programme, comme le voyage d’échange aux Etats-Unis. C’est un programme très intéressant, qui fait se rencontrer des participants français et américains de grande qualité.
Quelle rencontre marquante retenez-vous ?
J’ai participé à une conférence, en France, où j’ai rencontré une jeune participante américaine : une certaine Hillary Rodham. Elle était brillante. Mais nous autres Français la trouvions présomptueuse. Elle disait à tout propos : « Quand mon mari sera président des Etats-Unis… » Nous nous regardions d’un air plutôt gêné, en pensant « Oh, cette naïveté américaine du ‘tout est possible’ ». Le mari en question n’était autre à l’époque que le gouverneur de l’Arkansas. Un certain Bill Clinton !
Quelle différence majeure entre l’état d’esprit français et américain avez-vous pu constater ?
Pour participer depuis longtemps à l’activité de la fondation des deux côtés de l’Atlantique, je reste frappée par nos différences culturelles bien connues : la propension française à privilégier le discours et les mots d’un côté, l’approche américaine plus pragmatique de l’autre. Mais l’accroissement des échanges, l’impact de l’enseignement supérieur américain sur nos propres élites sont devenus tels qu’il y a une évidente « américanisation » des Young Leaders français. Je crains que la réciproque ne soit pas vraie !
Entretien publié dans le numéro de mai 2020 de France-Amérique. S’abonner au magazine.