Young Leader

Christine Ockrent, journaliste transatlantique

Figure du journalisme en France et première femme à présenter le journal télévisé de 20 heures d'Antenne 2 (France 2) en 1981, Christine Ockrent a débuté sa carrière aux Etats-Unis. Dans les années 1960, elle travaille pour NBC News avant de collaborer, pendant huit ans, au magazine d'information 60 Minutes sur CBS. Elle a gardé un lien très fort avec les Etats-Unis, qu’elle visite à intervalles réguliers. Elle est notamment l’auteure d’une biographie d’Hillary Clinton et d’un essai paru juste avant l’élection présidentielle de 2016, Clinton/Trump : l’Amérique en colère.
[button_code]
© Jean-Christophe Marmara/Le Figaro

France-Amérique : Vous avez participé, en tant que journaliste, au programme Young Leaders de la French-American Foundation. Racontez-nous…

Christine Ockrent : J’ai en effet eu la chance d’être Young Leader au début des années 1980. J’avais déjà à l’époque la responsabilité du journal télévisé de 20 heures d’Antenne 2, donc je n’ai malheureusement pas pu participer à l’ensemble du programme, comme le voyage d’échange aux Etats-Unis. C’est un programme très intéressant, qui fait se rencontrer des participants français et américains de grande qualité.

Quelle rencontre marquante retenez-vous ?

J’ai participé à une conférence, en France, où j’ai rencontré une jeune participante américaine : une certaine Hillary Rodham. Elle était brillante. Mais nous autres Français la trouvions présomptueuse. Elle disait à tout propos : « Quand mon mari sera président des Etats-Unis… » Nous nous regardions d’un air plutôt gêné, en pensant « Oh, cette naïveté américaine du ‘tout est possible’ ». Le mari en question n’était autre à l’époque que le gouverneur de l’Arkansas. Un certain Bill Clinton !

Quelle différence majeure entre l’état d’esprit français et américain avez-vous pu constater ?

Pour participer depuis longtemps à l’activité de la fondation des deux côtés de l’Atlantique, je reste frappée par nos différences culturelles bien connues : la propension française à privilégier le discours et les mots d’un côté, l’approche américaine plus pragmatique de l’autre. Mais l’accroissement des échanges, l’impact de l’enseignement supérieur américain sur nos propres élites sont devenus tels qu’il y a une évidente « américanisation » des Young Leaders français. Je crains que la réciproque ne soit pas vraie !


Entretien publié dans le numéro de mai 2020 de France-AmériqueS’abonner au magazine.