Le 6 juin 1944 éclipse le 15 août 1944, jour du débarquement allié sur les côtes méditerranéennes. En 2014, pour célébrer le 70e anniversaire de l’événement et entretenir la mémoire des 350 000 soldats — dont une grande majorité de Français — débarqués sur les plages du Var, le comité de Saint-Raphaël du Souvenir Français, une association de commémoration, a organisé une exposition qui est aujourd’hui visible à l’Ecole Internationale des Nations Unies.
Le 13 août 1944, le caporal Arnold C. Franco a 20 ans. Débarqué en Normandie trois jours après le D-Day avec un détachement de radio de la 9e Air Force américaine, il suit l’avancée des troupes alliées et décode les communications ennemies. Ce jour-là, entre Caen et Paris, il intercepte un message envoyé par un avion de reconnaissance allemand au-dessus de la Méditerranée : « Concentration importante de navires de débarquement alliés autour d’Ajaccio. » Alors que les troupes venues de Normandie atteignent Le Mans et Angers, un nouveau débarquement se prépare en Provence.
Arnold C. Franco, à gauche, le jour de l’inauguration de l’exposition à l’Ecole Internationale des Nations Unies de New York. © Clément Thiery
Oubliée de l’histoire franco-américaine, « la Provence est une petite goutte d’eau face au D-Day de Normandie », déplore Marie-Hélène Châtel, la fille d’un vétéran du débarquement en Méditerranée et déléguée de l’Association des Anciens Combattants Franco-Américains pour le Var. Une ancienne élève de l’Ecole Internationale des Nations Unies, elle décide de faire venir l’exposition à New York pour sensibiliser le public américain. « La Provence oubliée pouvait renaître et cette exposition était un bon média pour faire passer le message. »
En octobre 2015, dix bénévoles du comité de Saint-Raphaël du Souvenir Français — dont deux porte-drapeaux en gants blancs — font le déplacement vers New York pour installer dans le hall principal de l’Ecole des Nations Unis les quarante panneaux bilingues de l’exposition. Au fil de chapitres thématiques (« L’occupation allemande », « Un littoral fortifié », « La résistance varoise », etc.), l’exposition revient sur les préparations de l’opération, le débarquement sur les plages de Saint-Raphaël, Sainte-Maxime et Cavalaire, les combats pour la libération de Toulon et de Marseille, la progression le long de la vallée du Rhône jusqu’à la jonction avec les troupes venues de Normandie et la libération de Strasbourg.
Images d’archive, plans de bataille et coupures de presse, mais aussi témoignages d’anciens combattants et de civils français rythment le cheminement. « Ces histoires prennent la gorge », observe Charles Maguin, le président du comité de Saint-Raphaël du Souvenir Français. « Demain, ces vétérans ne seront plus là. On a fait ce travail pour ne pas oublier et pour apprécier la paix d’aujourd’hui. »
L’exposition restera visible dans le grand hall de l’Ecole Internationale des Nations Unies jusqu’au jeudi 15 octobre 2015 avant de repartir en France, où elle sera affichée au Mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises, puis au Canada.