Cette ville de 2 600 habitants à quarante kilomètres à l’ouest de San Antonio n’a rien à voir avec le révolutionnaire cubain. Elle doit son nom à Henri Castro, le banquier français d’origine portugaise qui fit beaucoup, au milieu du XIXe siècle, pour coloniser cette région du Texas.
Né dans une famille noble de Bayonne, Castro servit dans l’armée napoléonienne en Espagne puis dans la Garde nationale de Paris avant d’être nommé consul de France à Providence, dans le Rhode Island. En 1842, proche de la jeune république texane et de l’ambassadeur de France Alphonse Dubois de Saligny, il reçoit 500 000 hectares dans la région de San Antonio – les comtés actuels d’Atascosa, Frio, LaSalle, Medina et McMullen – qu’il promet de mettre en culture. L’empresario s’engage à faire venir 600 familles en trois ans.
Castro recrute d’abord à Paris puis, au gré des rencontres et des circonstances, tourne ses efforts vers l’est de la France, la Suisse et l’empire allemand. Entre 1843 et 1849, il fait venir au Texas plus de 2 000 colons, dont deux tiers d’Alsaciens. En septembre 1844, après soixante jours de mer jusqu’à Galveston et un périlleux voyage en chariot, à la merci des maladies et des Indiens, un petit groupe fonde Castroville. Deux mois plus tard, la ville compte déjà 63 maisons.
Castroville est aujourd’hui « un village endormi », selon l’historien Wayne M. Ahr, « mais cette situation a probablement contribué à la conservation de son patrimoine». Quelques maisonnées parlent encore alsacien et dans le centre historique, l’église Saint-Louis propose des messes catholiques depuis 1870. Un jumelage avec Ensisheim, à côté de Mulhouse, entretient la relation avec le Vieux Continent – tout comme la maison Steinbach, une bâtisse à colombages construite en Alsace au XVIIe siècle et transportée au Texas en 1998 !
Article publié dans le numéro de mai 2022 de France-Amérique. S’abonner au magazine.