Du vacarme de la Seconde Avenue s’élèvent quelques notes d’accordéon. Devant la porte bleue au numéro 789, attiré par cet air de guinguette et sans doute nostalgique de sa patrie occupée, un marin français arrête ses pas. Le voyant hésiter, son béret à pompon rouge à la main, les passants lui lancent, tel un salut de bienvenue : « Hello, French ! » Plus de doute, il est au bon endroit : la Marseillaise, une enclave de la France libre au cœur de Manhattan.
« La lumière est vive, les tables sont nues et, au bar, la bière est fraîche », écrit France-Amérique le 8 août 1943. « L’ambiance de la Marseillaise est chaude, l’accueil aimable ; les marins arrivent en coup de vent et s’installent, vite à leur aise. Les uns dansent, les autres causent ; il y a même une table de ping-pong […]. Tout le monde y a mis de la bonne volonté et le foyer, créé pour les modestes héros de passage, a un visage particulier, celui de la simplicité et du bon goût. » Ce lieu de convivialité, où les soldats français viennent oublier la guerre en chantant « La Madelon » et « La Paimpolaise », et auquel France-Amérique consacrera de nombreux reportages, on le doit à une riche et francophile Américaine.
Maria Jolas naît McDonald à Louisville, dans le Kentucky, en 1893. Arrière-petite-nièce de Thomas Jefferson, elle quitte les Etats-Unis pour Berlin en 1919, puis fréquente une école de chant parisienne. Dans la capitale française, la jeune femme rencontre l’amour en la personne d’Eugène Jolas, un poète et journaliste franco-américain qu’elle épouse à la cathédrale Saint-Patrick de New York en 1926. Ensemble, ils s’installent en France et fondent transition, une revue polyglotte qui publiera en feuilleton le Finnegans Wake de James Joyce, mais aussi Gertrude Stein, Robert Desnos et André Gide.
Fuyant la guerre qui menace, les Jolas quittent leur maison de la Boisserie, dans le village champenois de Colombey-les-Deux-Eglises – la future demeure de Charles de Gaulle – et regagnent les Etats-Unis. Dès l’automne 1940, le couple rejoint l’association gaulliste France Forever. Eugène traduit en français les dépêches de l’Office of War Information pour les forces alliées et la Résistance. Maria, elle, se met au service des combattants et décide d’ouvrir un foyer pour accueillir les nombreux soldats français qui affluent alors aux Etats-Unis.
Pompons rouges en permission
Suite au débarquement anglo-américain de novembre 1942 en Afrique du Nord, l’armée française contrôlée par Vichy au Maroc et en Algérie est passée dans le camp allié. Et avec elle, sa flotte de guerre. Mais avant de poursuivre le combat, de nombreux navires se rendront en Amérique, « arsenal de la démocratie », pour des travaux de réparation et de modernisation. Le cuirassé Richelieu, le croiseur Montcalm, les contre-torpilleurs Le Fantasque et Le Terrible et bien d’autres font route vers les arsenaux de la côte est, qui bientôt fourmillent de marins français.
Les Américains viennent de rompre leurs relations diplomatiques avec Vichy et, pour la première fois depuis 1776, il n’y a plus d’ambassadeur français aux Etats-Unis : les marins joueront ce rôle à cœur joie. Le 23 février 1943, les équipages tricolores sont mis à l’honneur à New York. En hommage à l’allié retrouvé, la ville proclame la journée Freedom for France Day et organise une parade. Menés par leurs officiers, les matelots, reconnaissables à leur pompon rouge, remontent Broadway dans un ballet de drapeaux bleu, blanc et rouge avant d’être reçus par Fiorello La Guardia. « De la tribune officielle, le maire […] a pris la parole pour proclamer en français : ‘La France n’est pas morte ! La France vit ! Vive la France !’ », écrira plus tard le matelot René Cérisoles. « La chaleur des applaudissements que nous recevions réchauffait les cœurs. »
Malgré cet accueil triomphal, une amère surprise attend les marins français qui accostent aux Etats-Unis. Fidèles au général Henri Giraud, les nouveaux arrivés se heurtent aux partisans de la France libre, mouvement incarné depuis 1940 par Charles de Gaulle. Ces derniers reprochent à leurs « frères ennemis » leur ancienne allégeance au régime de Vichy et leur ralliement tardif. La bataille de New York fait rage. En conséquence, les giraudistes restent entre eux. Sur la 44e Rue, ils trouvent refuge au French Seamen’s Foyer, fondé dans l’hôtel Algonquin par Anne Morgan, fille du célèbre banquier et philanthrope reconnue pour son engagement en France pendant la Grande Guerre. Il y règne, selon France-Amérique, une atmosphère ouatée et bourgeoise. « On aurait dit un club anglais », ajoute le marin Eugène Le Gall. A l’entrée, une pancarte met en garde les nouveaux : « Il est strictement interdit de parler politique. » L’union des Français est le mot d’ordre.
Mais au fil des jours, de plus en plus de marins arrivés d’Afrique du Nord, soupçonnant leur commandement d’être resté vichyste et séduits par la propagande gaulliste, se présentent à la délégation française libre sur la Cinquième Avenue. Fin février 1943, plus de 150 membres d’équipage quittent le Richelieu pour s’engager dans les FNFL, la marine du général de Gaulle. Le 30 mars, 35 d’entre eux se présentent au French Seamen’s Foyer. Injuriés, traités de déserteurs, ils sont violemment mis à la porte. Un incident qui fera la une du New York Daily News. En réaction, le camp gaulliste décide d’ouvrir son propre foyer.
Un peu de France à New York
L’Américaine Maria Jolas veut « faire en sorte que le combattant français se sente chez lui dans un pays étranger ». C’est ainsi qu’elle reçoit les clés d’une ancienne épicerie sur la Seconde Avenue, à deux pas du futur siège des Nations unies. France Forever fournit les fonds, le French-American Club donne sa bénédiction, et la section locale des vétérans français de 1914-1918 et leurs auxiliaires féminines s’improvisent barmans, serveuses, cuisiniers. La Marseillaise est inaugurée le 17 avril 1943. (Deux autres cantines du même nom seront créées à Boston et à Jacksonville, en Floride.)
« Dans les avenues de New York, nous poussons une petite porte, et c’est presque un miracle : voici des matelots de chez nous qui dansent avec de jeunes Françaises à l’accent de nos régions », écrit France-Amérique. « Le pick-up fait un bruit à ne plus s’entendre […]. Les habitués de la Marseillaise aiment ce bruit de tous les diables qui leur rappelle davantage l’ancienne guinguette. Quant aux disques qui n’arrêtent de tourner, ce ne sont pas les airs de swing de [Benny] Goodman ou les blues de Harlem, ce sont les valses lentes et la java qui sont en faveur. Ils dansent, ces jeunes marins, avec autant d’entrain que de conviction. » Un vieux loup de mer que notre journaliste tente d’interroger s’irrite : « Laissez-moi écouter ! C’est une chanson de chez nous. Ici, ça fait quelque chose… »
Le lieu offre aussi un piano, une bibliothèque bilingue – une poignée de soldats en marinière y sont photographiés lisant France-Amérique – et projette régulièrement des films réalisés pour le compte de France Forever, comme Sous la croix de Lorraine (1942). Les hôtesses font danser, chanter et sourire les soldats de passage. Elles les incitent aussi à s’inscrire au registre de la cantine : la promesse d’être invité par une famille américaine francophile, le temps d’un dîner en ville ou d’un weekend, au bord de la mer dans les Hamptons, à la montagne dans les Catskills ou les Adirondacks.
Des rires fusent au fond de la salle : des matelots taquinent leur camarade, plongé dans un dictionnaire de poche français-anglais. France-Amérique assiste à la scène : « Tu es marrant », dit l’un, « tu ne vas pas apprendre l’anglais en quelques jours ? » L’autre de répondre, dépité : « Je ne peux tout de même pas faire toujours la cour aux jolies Américaines un dictionnaire à la main… » Malgré la barrière de la langue, les New-Yorkaises sont touchées par ces marins venus du bout du monde : pour la première fois depuis le début de la guerre, la mode est au French kiss. Les compliments gaulois volent vite et bien, dans une langue approximative : « OK, toots ! », « Cheerio, chérie ! » Rapprochement évident, plus d’une centaine de mariages franco-américains seront célébrés à New York au cours de l’année 1943.
Une « aventure héroïque »
Malgré les plaisanteries, la guerre est dans tous les esprits. La Marseillaise accueille les permissionnaires qui arrivent de Brooklyn, de Philadelphie, de Boston ou de Baltimore : ils reprendront la mer dès que l’U.S. Navy aura achevé d’installer sur leurs navires appareils de détection radar, sonars anti-sous-marins et nouveaux canons antiaériens. Mais ces marins ne sont pas les seuls Français libres en uniforme. Autour d’un verre, ils échangent avec les aviateurs à l’entraînement sur les bases américaines ou les soldats du bataillon de marche des Antilles, formé de jeunes gens échappés de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane – territoires restés fidèles à Vichy – et cantonné à Fort Dix, dans le New Jersey.
Pour France-Amérique, l’actrice et romancière Henriette Pascar dresse un portrait saisissant de cette génération précipitée dans l’action. « Ce sont le fils du boulanger, du paysan, de l’ouvrier, qui évoquent leur famille laissée là-bas », écrit-elle, avant d’approcher un marin : « Ce petit Normand rêve devant son bock. Il fume sans cesse. Son air grave fait contraste avec sa grande jeunesse. ‘Depuis que j’ai quitté la France’, avoue-t-il, ‘je n’ai pas dansé… Je n’en ai pas le cœur… Après ce que j’ai vu et vécu, je me sens vieux.’ Il parle de Dieppe, sa ville natale, de sa mère, et j’ai devant moi un tout petit garçon qui ne pense qu’à retourner à la maison. »
Notre reporter avise ensuite un matelot martiniquais, « un fervent gaulliste » de 18 ans. « Que de prouesses, de dangers vécus ! Trois fois torpillé, dix jours en mer en canot de sauvetage, sans eau ni pain – mais il s’en est tiré. ‘Bien sûr que c’est Jeanne d’Arc qui me protège : elle veille aussi sur de Gaulle.’ Las de la conversation, il se laisse tomber dans un fauteuil. » Pour ceux que France-Amérique surnomme « les croisés de la croix de Lorraine », la Marseillaise s’efforce de prodiguer un peu de chaleur, une oreille compatissante, une épaule réconfortante, un home away from home.
« Ce n’est pas toujours facile de recevoir ce monde bigarré, ces jeunes à tête chaudes qui ont tant souffert », écrit France-Amérique. Mais peu ou prou, chacun y trouve son compte. « On nous fait bon accueil », témoigne un marin nostalgique prénommé Paul. « On est gentil, très gentil, mais… Il manque ici un tas de choses de chez nous. » Un autre est plus enthousiaste : « J’ai fait le tour de toutes les cantines de New York, mais c’est encore ici que je me sens le mieux. C’est un peu de Paris, ça tient du bistrot et de la famille. »
Le Q.G. de la France libre
Enclave française au cœur de l’East Side new-yorkais, lieu de détente, club militaire, la Marseillaise est aussi une vitrine politique. Agencée par l’architecte et décorateur français Pierre Chareau, la cantine tout entière est pensée pour projeter « une certaine idée de la France », celle que représente le général de Gaulle. Rien n’est laissé au hasard. Dès l’entrée, un écriteau en anglais interpelle les Américains qui douteraient encore de la légitimité de la France libre : « New-Yorkais ! Ne croyez pas tout ce que vous entendez. Il y eu, il y a, il y aura toujours une France. »
A l’intérieur, les bénévoles de l’association Jeunesse France libre servent les visiteurs dans un tablier bleu horizon – la couleur de l’uniforme des poilus de la Grande Guerre – orné d’une croix de Lorraine. Des murs au plafond, observe France-Amérique, les éléments du décor « deviennent, en vérité, des images et des armes parlantes ». Ici, un drapeau américain et un portrait du Général ; là, une reproduction de La Marseillaise (Le Départ des volontaires de 1792), le haut-relief du sculpteur François Rude qui figure sur le pilier nord-est de l’Arc de triomphe. L’artiste américain Alexander Calder, qui a longtemps vécu à Paris, a fait don d’un mobile bleu, blanc et rouge : il est suspendu au-dessus de la piste, où il fascine les danseurs.
Ailleurs, les visiteurs découvrent l’affiche de l’appel du 18 juin 1940 (« A tous les Français : La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! »). Plus loin, une toile de Fernand Léger intitulée Fraternité et une vue du port de Marseille sous le soleil, œuvre du peintre Moïse Kisling. Au fond de la cantine, sous un drapeau à croix de Lorraine, des lettres de marins sont punaisées au mur – ces mêmes marins qui, accoudés au zinc, chantonnent des refrains de Bretagne. Sur une large carte, les différents équipages des Forces navales françaises libres ont marqué d’un ruban tricolore les ports visités par leur navire. Et à une des grandes tables de bois de la cantine, Maria Jolas prend un soin tout particulier à coudre la croix de Lorraine sur l’uniforme des jeunes gens qui rejoignent l’aventure gaulliste. Combien en reviendront ?
Encouragé par son ami le peintre André Masson, qui a signé une des fresques de la Marseillaise, Jean-Paul Sartre visite le foyer en 1945. « Cette œuvre bienfaisante était d’une excellente propagande », écrira-t-il dans Le Figaro. « De nombreux marins giraudistes m’ont dit qu’ils sont parvenus à connaître l’adresse de nos locaux en s’adressant à certains bistrots français, où ils avaient vu des portraits du Général et des affiches patriotiques », raconte le délégué de la France libre à New York dans son rapport aux autorités gaullistes. Le nom de la cantine lui-même est un symbole. A France-Amérique, qui l’interroge sur cet hommage à l’hymne national, Maria Jolas répond : « ‘La Marseillaise’ est un cri de ralliement depuis 1789 qui, en ces jours sombres, est devenu, plus encore qu’autrefois, un symbole flamboyant de l’amour de la liberté qui caractérise tant la France entre les nations. »
Bastille Day sur la Seconde Avenue
Le 14 juillet 1943, la Marseillaise fête ses trois mois d’existence – et les Français libres leur troisième Bastille Day en exil. Dans France-Amérique, la journaliste américaine Janet Flanner écrit : « Le quatorze juillet de cette année 1943 est le plus chargé d’espoir […], un espoir tricolore. » Le drapeau à la croix de Lorraine flotte sur les mairies de New York, Jersey City, Denver, jusqu’à San Diego. Dans nos colonnes, le peintre français Michel Georges-Michel évoque la joie retrouvée des 14 Juillet parisiens, qui « nous retrouvent aujourd’hui frémissants comme d’une résurrection ». A New York, écrit le peintre, « l’espoir était dans l’air, sur les visages, sur les murs de la ville amie et hospitalière où chacun nous souriait et nous encourageait, un éclair dans les yeux ». Dans les rues de Manhattan, « La Marseillaise » résonne comme un écho de la Révolution, une promesse à la France sur le point de se libérer de ses chaînes. Une Américaine abordée par notre reporter s’en émerveille : « Comme chaque mot est juste, encore aujourd’hui… »
Une surprise attend les Français de New York et leurs amis américains à la cantine gaulliste. Un cordon tricolore encercle le pâté de maison tout entier. Les réverbères sont décorés de drapeaux français libres et américains qui virevoltent au vent. Un chapiteau blanc, décoré d’une large croix de Lorraine, accueille les visiteurs. Ils seront plus de mille ce soir-là à la block party de la Marseillaise. « Matelots et notoriétés mondaines se mêlent sous les lampions », écrit France-Amérique. Ici, la baronne de Rothschild admire une pièce montée décorée de dizaines de croix de Lorraine en pâte à sucre. Au fond de la salle, le jeune poète André du Bouchet tombe amoureux de Tina, la fille de la cantinière. La sœur de cette dernière, la future compositrice Betsy Jolas, régale les convives de quelques notes de piano. Plus loin, voici le petit-fils d’Henri Matisse qui, du haut de ses douze ans, se porte volontaire pour rafraîchir la pinte d’un matelot à peine plus âgé que lui.
« Qu’elle est émouvante, cette jeunesse de France, jetée dans l’aventure héroïque », s’enthousiasme la journaliste de France-Amérique. Quelques minutes avant minuit, ce sont Marlene Dietrich et Jean Gabin qui entrent dans la danse. A l’extérieur, les pavés de la Seconde Avenue rendent le jitterbug impossible : pas de soucis, l’accordéoniste se lance dans une java endiablée. L’orchestre, installé à l’arrière d’un pick-up, le suit avec entrain. Les tables de la cantine ont été installées sur le trottoir et Maria Jolas slalome entre les danseurs pour distribuer de copieuses assiettes de cassoulet et de choucroute garnie. Ce soir, comme tous les soirs, les soldats des Forces françaises libres mangent et boivent gratuitement.
A minuit, la foule se lance dans « Le Chant des partisans ». Notre journaliste en a les larmes aux yeux : « C’est un cri de douleur qui retentit en nous, d’autant plus qu’il est simple, déchirant et terrible. Nous ne l’entendrons jamais sans que pèsent à nouveau sur nos cœurs les souffrances des martyrs et leur révolte triomphante. » Résonnent ensuite « La Marseillaise », « The Star-Spangled Banner » et « La Marseillaise américaine ». Sur l’air de Rouget de Lisle, cet hymne improvisé est reproduit dans France-Amérique :
« Allons enfants de l’Amérique,
Souvenons-nous de Rochambeau.
Secourons la sœur république,
Qui sauva jadis nos drapeaux !
Français, Américains !
Unissons nos liens !
Marchons, marchons !
Avec ardeur,
En vrais libérateurs ! »
Trois heures du matin. A l’insistance d’un groupe de marins, Maria Jolas prend place sur l’estrade. « Ladies and gentlemen », s’exclame-t-elle, « nous devons cette célébration à la générosité et l’hospitalité de nos alliés et hôtes américains. Vive l’Amérique ! » La foule l’imite en chœur : « Vive l’Amérique ! »
Le coda de la Marseillaise
Tout au long de la guerre, la Marseillaise restera l’épicentre de la vie française libre à New York. En août 1943, la cantine offre un « savoureux dîner de 80 couverts » en l’honneur des commandos français de passage à New York. Le 5 décembre, c’est la première dame Eleanor Roosevelt qui pousse la porte. Son discours en français sera retranscrit dans les colonnes de France-Amérique : « Quand nous pensons à la France, nous avons un sentiment de liberté. Je souhaite à chacun de vous de retrouver cette liberté qui était la vôtre, qui vous est et qui nous est si chère. »
Quelques jours plus tard, Jean Gabin y donne son sang pour la France libre. Selon le New York Times, qui couvre l’événement, il convaincra une cinquantaine de marins de faire de même avant de les inviter à déjeuner. L’acteur Jean-Pierre Aumont et le réalisateur Jean Renoir sont eux aussi des clients réguliers de la Marseillaise, qui accueillera pendant la guerre plus de 150 000 soldats alliés. On y fête en grande pompe Thanksgiving et Noël, la libération de la Corse, le débarquement en Normandie et la libération de Paris.
En février 1946, les Français libres sont rentrés au pays depuis longtemps lorsque la cantine ferme ses portes. L’équipe de France-Amérique est présente à « cette clôture qui fut une apothéose ». Maria Jolas, « l’âme agissante de la plus sympathique des institutions franco-américaines de New York », est mise à l’honneur en une du journal. « Cette femme au grand cœur consacra le meilleur d’elle-même à la cantine, et au nom de sa rédaction et de ses lecteurs, France-Amérique lui dit un grand merci. »
Article publié dans le numéro de juillet-août 2023 de France-Amérique. S’abonner au magazine.