Je ne sais pas que penser de ce changement et me demande ce qu’en pensent les lecteurs français et américains de France-Amérique. Au départ, ce terme un peu technocratique de francophonie fut un projet politique pour restaurer l’influence internationale de la France mise à mal par la décolonisation et la toute-puissance des Etats-Unis dans les années 1960. L’Organisation internationale de la Francophonie – dont le secrétaire général, Michaëlle Jean, est québécoise et née à Haïti – regroupe aujourd’hui 84 Etats, où souvent nul ne parle français ou très peu.
Le terme de francophonie a ensuite quitté le cercle politique pour conquérir le monde culturel. Le francophone serait un non-Français parlant français. Mais s’il parle français, il ne parle pas le francophone. Il est avéré que les auteurs issus du Québec, de l’Afrique ou des Antilles contribuent énormément à la vitalité de la langue française. Les nommer auteurs francophones est bizarre. Cette distinction, instaurée au nom de la décolonisation, ressemble à une néo-colonisation. On leur dit « certes, vous êtes francophones, mais pas français ! » Mais tous les Français, eux-mêmes francophones, sont-ils français ? Un chanteur originaire d’Afrique, né en France ou immigré en France, produit-il de la musique française ou francophone ?
La francophonie se définirait-elle par l’origine géographique ou ethnique de celui ou celle qui parle français ? Si je compare avec les Etats-Unis, où l’on parle anglais, il n’existe pas des termes différents pour désigner la langue unique que chacun enrichit de sa culture, de son vocabulaire et de son accent. Il me semble donc que par reconnaissance sincère envers ceux qui enrichissent la langue française, il ne faut pas les assimiler au sein d’une francophonie uniforme et que les Maisons françaises des universités américaines devraient rester françaises, sans plus.
Qu’en pensez-vous, lecteurs ?