Voyage

Aspen et Megève, la jet-set s’amuse

Lieux de villégiature des stars durant les vacances d'hiver, Aspen et Megève doivent leur réputation à l'essor du ski. Zoom sur ces deux villages traditionnels, respectivement du Colorado et de Haute-Savoie.
© Aspen Snowmass

Aspen, des mines d’argent à l’or blanc

Aspen n’a pas toujours été ce village de montagne où se bouscule le Tout-Hollywood. Terre des Indiens Ute, cette localité tranquille connaît de grands changements avec l’arrivée des premiers chercheurs d’or durant l’hiver 1879. Baptisée Aspen en référence aux très nombreux Aspen trees (les trembles) de la vallée, la ville doit d’abord sa notoriété aux mines d’argent qui produisent plus de 15 % des réserves des Etats-Unis. Mais la baisse du cours de l’argent replonge Aspen dans l’anonymat pendant plus de quarante ans. Et c’est l’invention du ski comme loisir qui va lui faire remonter la pente ! Au début de la Deuxième Guerre mondiale, la ville est transformée en camp d’entraînement. A leur retour au pays, de nombreux vétérans reviennent à Aspen et participent au développement du ski dans la région. La première remontée mécanique y est inaugurée en 1946. Il s’agit alors de la plus grande au monde. Consciente de la beauté de son domaine skiable, la municipalité multiplie les constructions. Le nombre d’habitants a ainsi été multiplié par six entre les années 1960 et aujourd’hui.

A savoir : Aspen a toujours été synonyme de richesse. Pour preuve, la découverte en 1894 de la plus grosse pépite d’or au monde : plus de 3,8 kilos ! De quoi assurer un avenir serein au mineur qui a mis la main sur cette pépite.

Megève, de l’air pur des cimes aux sommets de la bonne société

Si Megève, un village perdu en plein cœur des Alpes, s’est transformé en quelques décennies en une destination touristique phare, c’est au ski qu’il le doit. Au début du XXe siècle, la ville n’est prisée que pour son air pur. De nombreux malades y sont envoyés en convalescence. Dans un dépliant de l’office de tourisme de l’époque, on peut lire que le village est un lieu de villégiature pour « les enfants débilités par les brumes, les poussières ou les épidémies des grandes villes ».

C’est à la baronne Maurice de Rothschild et à ses sentiments patriotiques que Megève doit son avenir. En vacances à Saint-Moritz durant l’hiver 1917, elle demande au propriétaire de l’hôtel dans lequel elle réside de ne recevoir aucun Allemand pendant son séjour. Une promesse qui ne sera pas tenue et qui amènera la baronne à créer son Saint-Moritz. Madame de Rothschild choisit d’investir dans Megève. Très vite, la ville ouvre ses premiers hôtels où se retrouve chaque hiver la haute société.

A savoir : Avant l’arrivée du premier téléphérique en 1933, les skieurs parvenaient au sommet de la montagne accrochés à une corde tirée par un cheval. Des archives audiovisuelles attestent de cette pratique peu commune.

Aspen, un air de western

De briques rouges ou de bois, les chalets du vieux village d’Aspen se démarquent des villas luxueuses construites au cours des vingt dernières années. Ces demeures de la vieille ville, construites les unes à côté des autres, donnent l’impression d’une forteresse assiégée par les montagnes. Une citadelle quadrillée de rues, comme celles de Manhattan, mais dont l’architecture se rapproche d’un village français de haute montagne. La très large avenue centrale a gardé le charme du vieux village d’Aspen et donne l’impression de se retrouver dans un épisode de Lucky Luke. Si les saloons ont depuis été transformés en commerces, on reconnaît encore très bien le style des villages du Far West.

Grâce à la richesse de ses habitants et aux prix exorbitants de l’immobilier, Aspen peut aujourd’hui se vanter d’avoir une vie culturelle très active avec un centre dédié au jazz, une immense galerie d’art, sa propre compagnie de ballet ou encore un opéra. La ville compte également sept restaurants français, dont Crêperie du Village, célèbre pour sa fondue… et ses crêpes.

Megève, mon beau chalet

Aux lumières rouges que renvoie la ville d’Aspen, Megève répond par le jaune. Celui de la place de l’église avec son clocher à bulbe baroque, l’un des rares lieux éclairés la nuit. Lorsque la baronne de Rothschild investit dans ce village, c’est pour en faire un emblème de la France. Elle engage l’architecte Henri Jacques Le Même pour faire de sa demeure une maison savoyarde typique, le luxe en plus. Un style qui va influencer toutes les constructions de Megève. C’est ce pittoresque entretenu qui séduit tant les touristes aujourd’hui. Le béton est proscrit alors que fleurissent les petits chalets de bois avec des toits en lauze.

Le Megève du XXIe siècle, un rien embourgeoisé, a néanmoins perdu certains de ces petits commerces au profit de boîtes de nuit et d’un casino. Le village n’est plus seulement destiné au Tout-Paris mais aussi à une clientèle internationale. Mais pas de quoi s’inquiéter, l’architecture globale de Megève demeure authentique.

Aspen, pour les champions qui roulent des mécaniques

Ouverts du 24 novembre au 16 avril, les 103 kilomètres de pistes skiables permettent de ne jamais tourner en rond. Aucune piste verte et près d’un tiers des pistes réservées aux experts, Aspen n’est pas vraiment une station pour débutant. C’est d’ailleurs sur certaines de ces pistes que se sont déroulés à plusieurs reprises les championnats du monde de ski. La station étant bien plus haute que le village, la vue en haut des remontées mécaniques est absolument imprenable. La descente avec la vallée en ligne de mire est unique en son genre. Peu déforestée, Aspen Moutain a conservé son côté naturel, à l’inverse parfois de ses habitants…

Megève, pour les débutantes et les princesses de la descente

Composé de cinq cols, le domaine skiable de Megève est l’un des plus vastes du monde. Tout comme à Aspen, les pistes, situées à plus de 1100 mètres d’altitude, offrent un panorama fabuleux sur la vallée, ainsi qu’une vue privilégiée sur le Mont-Blanc. Autre point commun avec Aspen, la végétation abondante. Les nombreuses descentes traversent des forêts de sapins. Avec 445 kilomètres de pistes, la station s’adresse aussi bien au débutant qu’au skieur confirmé. Les adeptes du hors-pistes ne sont pas en reste avec deux célèbres descentes, celle dite « des étudiantes » et celle de « la forêt de la princesse ».

Aspen, la piste aux étoiles du cinéma

Aspen est célèbre jusqu’en Europe pour les célébrités qui y passent leurs vacances d’hiver. Harold Ross, le fondateur du New Yorker, est originaire d’Aspen. En vous baladant, vous pourriez croiser David et Victoria Beckham, le chanteur John Oates ou encore quelques princes originaires du Moyen-Orient. Sans oublier le tout Hollywood : Jack Nicholson, Charlie Sheen, Goldie Hawn, Michael Douglas et tant d’autres. La ville s’est aussi fait connaître grâce au film Dumb and Dumber, une comédie américaine avec Jim Carrey, sortie en 1994, qui se déroule en grande partie à Aspen.

Anecdote : Cachés dans la forêt d’Aspen se trouvent quatre autels dédiés au chanteur John Denver, à Elvis Presley, à Marilyn Monroe et à Jerry Garcia, le chanteur du Grateful Dead.

Megève, la "classe" de neige

« Le 21e arrondissement de Paris. » Jean Cocteau ne s’était pas trompé en donnant ce surnom à Megève. Station de ski préférée des riches parisiens et des têtes couronnées, Megève fait le bonheur des paparazzi en hiver. Le luxe y est néanmoins beaucoup plus discret qu’à Courchevel ou Gstaad, surnommé le « Beverly Hills des Alpes ». Un côté moins paillette qui plaît à des personnalités telles Nadine de Rothschild ou Hubert de Givenchy qui recherchent le raffinement sans l’hystérie.

Anecdote : En 2009, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ont passé le week-end de la Saint-Valentin à Megève créant la polémique sur le coût de leur séjour. Cinq voitures de la marque Nissan avaient été louées par l’Elysée sans que personne ne sache si le montant de la facture, estimé à 20 000 euros, a été réglée par le président.

Fiche technique

Aspen, Colorado
Population : 6 000 habitants
Sommet : 3 418 mètres
Abonnement au domaine skiable à l’année : 2 159 dollars (2 253 euros)

Megève, Haute-Savoie
Population : 4 500 habitants
Sommet : 2 485 mètres.
Abonnement au domaine skiable à l’année : 856 euros (893 dollars)


Article publié dans le numéro de décembre 2011 de France-AmériqueS’abonner au magazine.