Young Leader

« Je suis admirative de la méthode de fonctionnement américaine »

Epidémiologiste et cardiologue à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, Nicole Karam a été Young Leader de la French-American Foundation l’an dernier. Après des études de médecine à l'université Saint-Joseph de Beyrouth, elle s'est installée en France en 2010 pour se spécialiser en cardiologie interventionnelle. Ses recherches portent notamment sur l'épidémiologie de la mort cardiaque subite chez l'adulte et sa relation avec les maladies coronariennes.
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© Jami Mathewson

France-Amérique : Qu’avez-vous appris de la crise du coronavirus ?

Nicole Karam : Ces semaines entièrement centrées sur le patient, où les équipes ont été plus soudées que jamais, m’ont permis de toucher la vraie beauté du travail que nous faisons en tant que soignants. Sur le plan social, cette crise m’a permis d’admirer notre capacité à nous adapter aux situations nouvelles, aussi imprévues soient-elles.

Vous êtes membre de l’association Sauver le Cœur des Femmes, dont le but est de mieux informer sur les dangers cardiovasculaires. Pourquoi ?

Les femmes sont traditionnellement considérées comme moins touchées par les maladies cardiovasculaires. Elles sont en conséquence moins informées et moins dépistées contre ces maladies que les hommes. Cependant, même si les femmes sont relativement protégées des maladies cardiovasculaires jusqu’à la ménopause, leurs risques augmentent rapidement après et rejoint celui des hommes. De plus, la prise de pilules contraceptives peut potentialiser les facteurs de risque chez les jeunes femmes, par exemple, en augmentant le taux de cholestérol. Ainsi, les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez les femmes, devant les cancers du sein et du col de l’utérus. J’ai voulu m’investir dans cette association et dans la recherche sur les maladies cardiovasculaires chez la femme, afin de sensibiliser les femmes (et malheureusement certains médecins) à ce danger, et d’essayer d’améliorer le pronostic de ces maladies.

Vous avez voyagé avec des dirigeants français et américains à Chicago en octobre 2019. Quels éléments de la culture américaine aimeriez-vous voir davantage en France ?

Je suis admirative de la méthode de fonctionnement anglo-saxonne, avec des idées souvent pragmatiques et explicites, évitant l’ambiguïté, le flou qu’on peut rencontrer dans la méthode française. Cependant, je trouve que ces différences ont tendance à être moins flagrantes dans les milieux médicaux, où les interactions franco-américaines sont fréquentes.


Entretien publié dans le numéro de juin 2020 de France-AmériqueS’abonner au magazine.