Tradition

La fête des Mères vs. Mother’s Day

Entre deux et quatre semaines séparent les fêtes des mères aux Etats-Unis, le deuxième dimanche de mai, et en France, le dernier dimanche de mai (ou le premier dimanche de juin, comme c'est le cas cette année). Au-delà du calendrier, leurs origines sont si différentes qu'elles résument à elles seules combien nos deux sociétés se distinguent.
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© Ivan Jetvic

La fête des mères américaine naît dans une église méthodiste en Virginie-Occidentale, en 1908, à l’initiative d’une paroissienne, Anna Jarvis, qui voulait honorer sa propre mère et toutes les mères. Activiste dans la tradition des suffragettes et des ligues de tempérance, Anna Jarvis parviendra à imposer cette célébration comme fête nationale en 1914, par une décision du Congrès. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car le commerce prend le relais de la religion : les marchands de roses et de cartes de vœux exploitent la célébration au point de contraindre la population à acheter l’une et l’autre. A ce jour, Mother’s Day représente la moitié du chiffre d’affaires des marchands de cartes de vœux américains.

En France, c’est au Maréchal Pétain que l’on attribue souvent la création de la fête des mères, en 1942. Ce n’est pas tout à fait exact : plusieurs provinces célébraient traditionnellement une fête des mères de familles nombreuses depuis les années 1920, pour compenser sans doute les pertes de la Grande guerre et pour laïciser le culte de la Vierge Marie. Mais il reste bien à Pétain, au nom de son idéologie « Travail, Famille, Patrie », de transformer cette fête des mères en une célébration nationale. Ce qu’elle est restée. De nombreuses institutions du régime de Vichy ont été confirmées par la République restaurée. En France, la fête des mères est officialisée en 1950 par une Assemblée nationale à majorité conservatrice.

Dans nos deux pays, les origines de Mother’s Day et de la fête des mères sont oubliées, ce qui est dommage. La coutume demeure, mais il n’est pas interdit aux uns et aux autres d’y ajouter un supplément d’affection.