Young Leader

« J’adore les universités américaines ! »

Née en 1981 à Marseille, la violoniste Marina Chiche (Young Leader 2020) mène une carrière internationale, doublée d'une passion pour la transmission. Auteure du blog Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la vie d’un musicien pro, dans lequel elle relate avec humour son quotidien d'artiste, elle est aussi productrice sur France Musique (la radio de musique classique en France) où elle anime les émissions Mon cœur est un violon et Vous avez dit classique ? Chiche !
© Marco Borggreve

France-Amérique : Vous avez joué à plusieurs reprises aux Etats-Unis, « de la Floride à l’extrême Ouest de l’Oregon ». Quel est votre meilleur souvenir là-bas ?

Marina Chiche : J’adore les universités américaines ! Depuis l’enfance, je suis fascinée par ces lieux où l’interdisciplinarité peut être pratiquée à haut niveau. Pendant mon séjour dans l’Oregon l’année dernière, j’ai donné concerts et master class, mais j’ai aussi pris un cours de danse, eu de grandes conversations avec des professeurs d’histoire de musique ancienne et de littérature. Et une élève m’a enseigné des mélodies folk de fiddle. Le rêve !

Quel sont d’après vous les deux musicien(ne)s français(es) et américain(e)s à connaître ?

J’ai envie de vous parler de deux grandes dames du violon : l’Américaine Maud Powell [1867-1920] et la Française Ginette Neveu [1919-1949]. Maud Powell – dont c’est le centième anniversaire de la mort – était la première grande soliste américaine, une pionnière à bien des égards et une défenseuse de la cause féminine. Ginette Neveu, c’est LA grande violoniste française, tragiquement disparue en 1949 à l’âge de 30 ans dans l’accident du Constellation Paris-New York dans lequel le boxeur Marcel Cerdan [l’amant d’Édith Piaf] périt également. Powell et Neveu font partie des grandes violonistes du passé que j’ai mis à l’honneur cet été dans ma série radiophonique sur France Musique. En effet, la plupart des grandes violonistes sont absentes des livres sur les grands interprètes, ou à peine évoquées. Il était temps d’écrire cette histoire au féminin. Ces femmes exceptionnelles qui suscitent l’inspiration méritent de vivre dans nos mémoires collectives.

Auriez-vous un morceau coup de cœur à partager ?

Pour mon disque Post-scriptum [produit en duo avec le pianiste Aurélien Pontier], j’ai enregistré plusieurs œuvres américaines ; des pièces de Korngold dont j’adore la musique et la chanson « Jeanie with the Light Brown Hair » de Stephen Foster arrangée par Jascha Heifetz : irrésistible !


Entretien publié dans le numéro de septembre 2020 de France-AmériqueS’abonner au magazine.